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Mariages précoces : témoigner pour sensibiliser

Robert Adé
5 juillet 2019

Le Niger fait partie des pays africains où le taux de prévalence des mariages précoces dépasse les 76 %. Une survivante témoigne.

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Africa Child Marriage Mosambik
Image : picture alliance/AP Photo/S.Mohamed

Ecoutez le témoignage...

L’étudiante nigérienne Chaibou Bissala Balkissa est une "survivante" du mariage précoce. Nous l'avons rencontrée à Dakar lors du au premier sommet africain sur les mutilations génitales féminines et le mariage d’enfants.

Deutsche Welle : Bonjour ! Vous êtes étudiante en 4e année de médecine à l’Université Abdou Moumouni de Niamey. Comment expliquer votre présence à ce sommet de Dakar ?

Chaibou Bissala Balkissa : Je suis venue ici pour faire un témoignage. C’est pour que les autres jeunes filles qui sont, ou bien qui vont être dans la même situation que j’ai vécue sachent qu’il y a une solution. C’est un combat que j’ai commencé à mener depuis l’âge de 12 ans et aujourd’hui j’ai 24 ans et je compte le continuer parce que chaque fois que j’en parle, j’ai mal mais… je continue à le faire. 

Racontez-nous votre histoire.

Tout a commencé quand j’étais en 3ème. Ma famille voulait célébrer mon mariage. Et là, je n’ai pas annulé le mariage tout de suite. J’ai négocié avec mes parents pour qu’on me laisse commencer la classe de seconde, comme ça, après, pendant les vacances, on aurait pu faire le mariage. Et j'aurais pu poursuivre mes études jusqu’à ce que j’obtienne mon baccalauréat. Quand j’ai fait la proposition à ma belle-famille, ils ont été catégoriques : ils ne voulaient pas de mes études et je leur ai montré mon mécontentement mais personne ne m’écoutait. Qui me mettait la pression ? C’était mon oncle. Puis après, j’ai parlé à mon papa. Je lui ai expliqué. Il m’a dit que lui, il voulait qu’on célèbre le mariage pour renforcer les liens de famille. Je suis partie voir mon directeur d’école. Je lui ai expliqué la situation et ce dernier m’a vraiment comprise. Il m’a emmenée au CAJAC (le Centre d’assistance juridique et d’assistance citoyenne). C’est le CAJAC qui a monté un dossier pour aller au Tribunal de grande instance de Niamey. Le procureur a fait comprendre à ma famille que je suis mineure et que je veux continuer mes études. 

Aujourd’hui, êtes-vous prête à pardonner ?

Pardonner ? J’essaie. Aujourd’hui, mon ambition depuis le début, c’était de devenir médecin. Ou d’être professeure agrégée, enseignante-chercheuse à la faculté et de pouvoir créer une organisation de lutte contre les mariages forcés et précoces qui sont toujours d’actualité dans mon pays en particulier et en Afrique en général.

Ecoutez le témoignage...

Vue aérienne de Dakar depuis un avion
Robert Adé Correspondant au Sénégal pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais