Madagascar : Ravalomanana et Rajoelina vraiment différents ?
18 décembre 2018Plus de dix millions de Malgaches sont appelés aux urnes ce mercredi 19 décembre pour le second tour de l'élection présidentielle. Le scrutin va opposer deux anciens présidents : Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina. Ceux-ci ont débattu lors d'un dernier débat dimanche soir à la télévision.
Mais de l'avis de certains observateurs, la campagne électorale a dévoilé l'absence de différence idéologique entre les deux rivaux.
Même si les deux adversaires se sont lancés des piques assassines lors des deux débats télévisés, certains analystes ont du mal à trouver une différence entre les deux candidats qui ont beaucoup de point communs.
C'est l'avis, par exemple, de Toavina Ralambomahay, auteur de l'ouvrage: "Pourquoi les citoyens malgaches ne s'engagent-ils pas en politique?". "Ils développent à peu près le même programme", estime-t-il. "Il n'y a pas d'idéologie. Et de toutes les façons, à Madagascar, ni les partis politiques, ni les citoyens ne sont encartés, ne sont idéologisés. La lecture est un peu confuse."
Report de voix
Le 7 novembre, lors du premier tour, Andry Rajoelina, 44 ans, a recueilli 39,23% des suffrages, contre 35,35% pour Marc Ravalomanana, 69 ans. Les deux hommes ont rallié à leur cause quelques candidats malheureux.
Ces soutiens vont-ils se matérialiser dans les urnes ? "À Madagascar, les reports des voix sont très incertains", explique le politologue Toavina Ralambomahay "Il n'est même pas sûr qu'un candidat qui ait déclaré qu'il soutient X ou Y ait des partisans qui obéiront aux consignes. De même, il y a des candidats qui ne voteront pas. Cela ne veut pas dire que leur partisans ne voteront pas non plus."
Accusations de fraudes
Déjà, lors du premier tour, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina se sont mutuellement accusés de corruption et de fraudes massives. Le candidat qui sera battu reconnaitra t-il sa défaite ?
"Si la différence du score est très serré, il y a risque de contestation majeure", estime Bruno Rakoutouarison, membre de la commission d'observation des élections. "Chaque candidat, chaque parti a son logiciel, la Céni à son logiciel, la HCC (Haute cour constitutionnelle, ndlr) a son logiciel. Les résultats ne sont pas les mêmes entre les différents candidats. C'est ça le problème."
La principale leçon de ce processus électoral reste l'élimination, dès le premier tour, du président sortant, Hery Rajaonarimampianina, qui n'a recueilli que 8,82% des suffrages. Ce dernier n'a donné aucune consigne de vote.