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Que peut attendre le Mali de sa plainte auprès de l'UEMOA ?

23 février 2022

Pour faire annuler des sanctions "illégales", la junte militaire malienne a décidé de déposer une plainte auprès de la Cour de justice de l'UEMOA.

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Parmi les sanctions visant le Mali, l'Uemoa a notamment gelé tous les avoirs du pays à la Banque centrale commune aux huit état membres de l'organisation
Parmi les sanctions visant le Mali, l'Uemoa a notamment gelé tous les avoirs du pays à la Banque centrale commune aux huit état membres de l'organisation Image : Nipah Dennis/AFP

 

Bamako entend ainsi faire annuler les décisions prises contre le Mali, le 9 janvier 2022, par l'Union économique et monétaire ouest-africaine. Il s'agit des sanctions financières et économiques, décidées à la suite de l'annonce faite par la junte militaire de prolonger la transition.

Abdoulaye Dieye est économiste sénégalais. Pour lui, cette plainte auprès de la Cour de justice de l'UEMOA a peu de chance d'aboutir et il estime aussi qu'elle est le signe que le Mali est en train d'être asphyxié par les sanctions.

Pour écouter l'interview, cliquez sur le lien ci-dessous. 

"Je crois que le Mali ne peut plus tenir longtemps" (A. Dieye, économiste)

Retranscription de l'entretien 

Abdoulaye Diaye : Cette décision ne me surprend pas dans la mesure où aujourd'hui, la junte malienne a un double objectif. Le premier objectif, c'est de montrer ou de faire croire à la face du monde et à la Cédéao que le peuple malien est derrière elle. Et le deuxième objectif c'est de discréditer la Cédéao et l'UEMOA. Donc, sous ce rapport, il est légitime effectivement pour la junte d'attaquer les décisions ou les sanctions que la Cédéao a prononcées à l'encontre du Mali.

DW : Est ce que l'UEMOA n'est pas allée loin ? Est ce qu'elle n'a pas outrepassé ses engagements, même vis-à- vis du Mali ? Est ce qu'elle avait le droit de prendre ce genre de sanctions contre le Mali ?

Abdoulaye Dieye : Aujourd'hui, il faut comprendre que l'Uemoa est dans la Cédéao en réalité. Les sanctions prises par la Cédéao ont de facto ou de fait engagées justement l'UEMOA. On peut être dans ce débat pour dire que les sanctions ont une base légale ou les sanctions n'ont pas une base légale. Mais de fait, regardons la situation en face : la junte malienne n'a pas aujourd'hui respecté les termes de l'accord qu'elle avait signé justement avec la Cédéao et l'UEMOA. Et malheureusement, ce manque de respect des termes de l'accord a conduit à des sanctions.

DW : En décidant d'attaquer l'UEMOA devant la justice, est-ce à dire qu'aujourd'hui, les signes sont là ? Les signes qui prouvent que la junte est acculée et que le Mali est acculé financièrement et économiquement ?

Abdoulaye Dieye : Oui, c'est clair. C'est clair que le Mali ne peut pas, dans le long terme, supporter ces sanctions là. C'est impossible. Le Mali dépend énormément de ses voisins. Il faut le rappeler, le Mali est un pays enclavé qui n'a pas accès sur la mer. Donc aujourd'hui, il faut le remarquer : le Mali est en train financièrement d'être asphyxié et a besoin justement de souffle. Je crois que le Mali ne peut plus tenir pour longtemps.

DW : Alors pour l'instant, on n'assiste pas à Bamako et dans d'autres villes du Mali à une forte inflation, à une forte hausse des prix des denrées alimentaires ou autres produits... 

Abdoulaye Dieye : Oui, il faut dire que heureusement les sanctions n'intègrent pas les produits de première nécessité. Heureusement que les sanctions aussi n'intègrent pas les produits pharmaceutiques ou les produits de grande consommation. Et c'est ce qui fait justement qu'on n'a pas encore observé cette grande inflation.

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Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle