Mali : Quel sort pour IBK, Boubou Cissé et les autres ?
21 août 2020La nouvelle de l’arrestation ce jeudi 20 août de Moussa Diawara, le désormais ex-directeur général de la sécurité d’Etat, qui était introuvable depuis le coup d'Etat, s’est vite propagée sur les réseaux sociaux. Celui-ci rejoint ainsi 19 autres personnalités civiles et militaires de l’ancien régime toujours aux mains des membres du CNSP (Comité national pour le salut du peuple).
Abdoulaye Daffé, ministre de l’Economie et des Finances du mini-gouvernement dissout (mini-gouvernement de six membres qui avait été formé ces derniers jours à la demande de la Cédéao en attendant la formation d'un gouvernement élargi à l'opposition) et Sabane Mahalmoudou, un cadre de la présidence de la république, ont été de leur côté libérés.
Quant à l’ex-président Ibrahim Boubacar Keita et son Premier ministre, Boubou Cissé, ils seraient d’après nos informations, privés de téléphone portable, de radio et de télévision. Ils sont toutefois traités "avec égards" selon les auteurs du putsch.
Boubacar Touré, secrétaire politique du bureau national du RPM (Rassemblement pour le Mali), le parti d’Ibrahim Boubacar Keita, condamne avec fermeté la détention du président et de ses co-détenus :
"Mon premier constat est que mon président (IBK) quand il déclarait à la télévision nationale qu’il quitte toutes ses fonctions, on n’a pas besoin d’être au lieu d’abreuvage des animaux pour savoir qu’il n’ y a pas de gobelet. On sent nettement qu’il l’a fait sous la pression.’"
L'opposition justifie ces arrestations
L'opposition malienne qui réclamait depuis des mois le départ du président, dit comprendre la détention des responsables civils et militaires de l’ancien régime. "Lorsqu’il y a des évènements de ce genre, il est tout à fait normal qu’on procède à des arrestations de personnalités de premier plan. Surtout des personnalités qui jouaient des rôles clés ou qui étaient à des postes de responsabilité où ils ont été été amené à prendre des décisions qui ont impacté sur la vie des populations’’ estime Abdrahamane Kaou Diallo du M5-RFP.
Outre le président et son Premier ministre, Boubou Cissé, les militaires ont également arrêté plusieurs hauts responsables, parmi lesquels le ministre de la Défense et celui de la Sécurité, les généraux Ibrahima Dahirou Dembélé et M'Bemba Moussa Keïta, le président de l'Assemblée nationale Moussa Timbiné et le chef d'état-major de l'armée, le général Abdoulaye Coulibaly.
Le sort de IBK
L’ex-président, Ibrahim Boubacar Keita, très affaibli physiquement depuis plusieurs semaines, pourrait être selon son entourage, transféré vers les Emirats arabes unis où il suit un traitement médical depuis 2019. La Turquie et deux autres capitales sous régionales seraient également favorables à l’accueillir. Mais le CNSP, le Comité national pour le salut du peuple, serait divisé quant au sort à réserver au président déchu. "Le système judiciaire s’occupera de son avenir et de celui de ses co-détenus" déclare pour sa part le colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole des officiers putschistes.
Quant à l’ancien député et fils Ibrahim Boubacar Keita, Karim Keita, il reste pour l’instant introuvable.