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La laïcité en débat au Mali

8 mars 2023

Alors que les autorités souhaitent inscrire le principe de laïcité dans la future constitution, les imams s'y oppose.

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Lecture du coran
La Ligue des imams du Mali ne souhaite pas voir le mot laïcité inscrit dans la nouvelle ConstitutionImage : Pascal Deloche/Godong/picture alliance

En amont du référendum constitutionnel qui est prévu le 19 mars prochain, La Ligue des imams et érudits pour la solidarité islamique a appelée les fidèles musulmans à s'opposer à ce que le principe de laïcité soit inscrit dans la nouvelle Constitution

Selon la Constitution, le Mali est une nation laïque. Toutefois, l'islam, qui est pratiqué par la majorité de la population, reste la religion dominante du pays.

"Chacun est libre de pratiquer sa religion" (Fatoumata Maïga)

Pas de religion d'État

La Ligue malienne des imams souhaite le retrait du mot laïcité du projet constitutionnel et son remplacement par "État multiconfessionnel ". Mais Fatoumata Maïga, de l'Association des femmes pour les initiatives de paix, rappelle que la laïcité a toujours figuré dans les textes fondamentaux du Mali.

"La laïcité, cela veut dire que le Mali n'a pas une religion d'État. Chacun est libre de pratiquer sa religion. La Constitution - de 1960 à maintenant - a toujours fait ressortir que le Mali est une République laïque", explique-t-elle.

Au Mali, la Constitution a en effet toujours prévu la liberté de religion et d'autres lois ont contribué à la pratique généralement libre du culte de chacun. Une liberté que les gouvernements successifs ont, jusqu'à présent, respecté. 

Rassurer les fidèles

Quand on demande à l'éditorialiste malien Alexis Kalembri ce que la laïcité signifie et implique pour ses concitoyens, sa réponse est assez précise : "Cela veut dire reconnaissance de la religiosité, respect mutuel pour les religions, mais pas négation de la religion".

"Ils voient de la malice derrière" (Alexis Kalembri)

Selon Alexis Kalembri, remplacer laïcité par "État multiconfessionnel", comme le souhaite la Ligue des Imams, servirait à rassurer les plus conservateurs. Il estime que "fondamentalement, ils ne remettent pas l'esprit de la laïcité en cause (...) ils voient de la malice derrière et d'autres choses qui peuvent venir heurter les cultures".

Même si, dans sa version présentée comme finale, il est précisé dans la Constitution que "la laïcité ne s'oppose pas à la religion et aux croyances. Elle a pour objectif de promouvoir et conforter le vivre-ensemble fondé sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle ", dans une déclaration, la Ligue des imams estime que la laïcité "est une astuce que les gouvernants utilisent à leur guise pour cadenasser la ou les religions".

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique