Des instructeurs russes ont aidé l'armée malienne
30 juillet 2024Dans un communiqué signé par Mohamed El Maouloud Ramadane, porte-parole de l’alliance des groupes armés séparatistes à dominante touareg (CSP-DPA), les armes et les matériels de guerre de la rébellion sont ceux des forces armées maliennes et de la milice russe Wagner qui ont été soit saisis ou soit récupérés lors des affrontements ou des attaques.
Lundi soir, l'armée malienne a reconnu "un nombre important" de morts dans ses rangs après des combats en fin de semaine dernière dans le nord du pays, près de la frontière algérienne.
Selon un communiqué de l'état-major de l'armée, "l'unité FAMa (forces armées maliennes) a été encerclée par la coalition des forces terroristes du Sahel et de violents combats se sont engagés avant l'arrivée de renforts. La bravoure et la détermination exemplaire de nos soldats n'ont pas permis d'éviter un nombre important de pertes en vies humaines et matérielles".
Les combats, d'une ampleur inédite depuis des mois, ont éclaté jeudi (25.07.2024) dans la localité de Tinzaouatene près de la frontière avec l'Algérie. Pour leur part, les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affiliés à Al-Qaïda, ont aussi affirmé avoir piégé le même convoi et tué 50 Russes et 10 Maliens.
Comment expliquer la présence d’instructeurs du groupe Wagner sur le champ de bataille ?
Ecoutez l'analyse de Maitre Mamadou Ismaïla Konaté, avocat et ancien ministre malien de la Justice.
DW : Maître Konaté. On parle de la présence de Wagner. Que faisaient selon vous ces instructeurs sur les lieux de combat ?
Evidemment, ceux qui ont été pris sur le terrain ou ceux qui ont été tués sur le terrain ne sont pas des Chinois, ne sont pas des Bretons, ce sont des Russes. Et là, visiblement, ils sont aussi rattachés à Wagner. Donc sans doute que les gens vont avoir l'occasion de remettre un peu les pendules à l'heure. Mais peu importe aujourd'hui ce qui est clair et net Wagner ou pas Wagner : on avait demandé à ce que des preuves soient fournies, des preuves ont été fournies à ce niveau-là.
Mais une fois qu'on a fait ce constat là, la question, encore une fois, c'est jusqu'où peut aller éventuellement cette riposte légitime de l'Etat du Mali qui a quand même pris véritablement un coup. En tant que pays, en tant que nation, l'Etat du Mali, le pays, la nation ne peuvent pas rester sans riposte.
J'imagine également la nature de la riposte. J'imagine également qu'il s'agira sans doute d'une riposte qui va être brutale et j'imagine également (je crains, plutôt) que cette riposte ne prendra pas le soin de faire la distinction entre combattants armés ou combattants non armés et population. Donc encore une fois, les effets collatéraux vont être énormes à ce niveau. C'est ce qu'il faut craindre, et c'est à cela qu'il faut appeler à la sagesse.
Mais quand on est un Etat, quand on est une nation et qu'on a pris une raclée comme celle-ci, bien évidemment on a non seulement besoin de remonter mais dans une dynamique de soubresauts. C'est pas seulement remonter et c'est aussi aller très fort.