Vers des élections maliennes sans l'appui de la Minusma ?
13 juillet 2023Au Mali, à sept mois de l'élection présidentielle de février 2024. Le calendrier électoral, dressé en juin 2022 par les autorités militaires de transition, a connu un report avec le référendum qui s'est finalement tenu en juin dernier, au lieu de mars comme initialement prévu. Une autre question demeure toutefois : comment les différentes échéances pourraient-elles se tenir sans l'accompagnement logistique et sécuritaire de la Minusma qui s'apprête à quitter le pays ?
En attendant la proclamation par la Cour constitutionnelle des résultats définitifs du référendum constitutionnel du 18 juin dernier, les regards se tournent désormais vers les autres échéances et notamment les élections des députés, dont le premier tour était prévu pour le mois d'octobre prochain et le second tour en novembre.
L'Etat malien pourra-t-il donc tenir ce calendrier, qui plus est sans l'aide de l'Onu dont la mission militaire est sur le départ ?
"Une collaboration" toujours possible
Le conseil de sécurité a demandé à la Minusma, qui va quitter le pays d'ici à la fin de l'année, de collaborer avec les autorités de transition en vue de la poursuite de certaines missions comme l'organisation des élections.
C'est ce qu'explique Salia Kariba Traoré, coordinateur de projets à la Cocem, la Coalition des observations citoyennes des élections au Mali. Selon lui : " Le Conseil de sécurité demande justement à l'équipe onusienne présente au Mali de trouver des arrangements financiers pour permettre à ses représentants diplomatiques de pouvoir prendre le relais, afin de s'assurer que la coopération puisse être supervisée et accompagnée. Nous pensons également que les agences onusiennes présentes au Mali peuvent aider les autorités de transition à organiser les élections à venir, si toutefois l'Etat décide de leur demander de l'aide."
La question de la sécurité
Un autre point qui suscite des interrogations, c'est la sécurisation du scrutin en l'absence de la mission de l'Onu. Notamment dans le nord du pays, dans des villes comme Kidal et Ménaka, où le référendum constitutionnel n'a pas pu se tenir, ou bien s'est par endroit seulement en partie déroulé, en raison de l'opposition des anciens rebelles touaregs et aussi des groupes djihadistes.
Mais pour Abdoul Sogodogo, maitre de conférences en sciences et relations internationales, cette question pourrait être tranchée si de nouveaux partenaires sont sollicités.
"Je crois que ce n'est pas une mission impossible parce que ce n'est pas pour demain l'élection présidentielle. Je crois que les autorités de transition ont le temps de se réévaluer, de se réorganiser, de voir aussi avec d'autres partenaires pour assurer les fonctions qui étaient par le passé assurées par la Minusma, notamment le transport du matériel de vote dans les zones dites difficiles" explique-t-il à la DW.
Nous avons sollicité sur ces différents points la réaction de l'Autorité indépendante de gestion des élections. Mais celle-ci n'a pas donné suite à notre demande d'interview.