Quel avenir pour les troupes allemandes au Mali?
3 février 2022Berlin suit en effet avec attention les derniers évènements liés notamment à l'expulsion lundi dernier (31 janvier) par la junte militaire de l'ambassadeur de France et le renvoi, la semaine dernière, de 100 militaires danois qui devaient rejoindre la force Takuba. C'est dans ce contexte tendu que la secrétaire d'Etat aux affaires étrangères s'est déplacé au Mali pour rencontrer les soldats allemands, et échanger avec les autorités de la transition et la société civile. La décision de retrait ou de maintien des soldats de la Bundeswehr suscite des commentaires dans la région de Mopti, dans le centre du Mali.
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L'Allemagne est présente militairement sur le sol malien à travers son contingent composé de 1.170 soldats au sein de la mission de l'Onu au Mali, la Minusma. Un autre contingent de 328 soldats contribue à la formation des militaires maliens par le biais de la mission de formation de l'Union européenne au Mali (EUTM).
Des avis bien tranchés
Le Bundestag, le Parlement allemand, se prononcera au mois de mai sur l'avenir de ces deux missions. Mais en attendant, les citoyens maliens s'expriment sur la question."Pour le moment, ce que le Malien lambda demande c'est le départ de France. Le reste, on verra plus tard. Les Allemands c'est leur droit de rester mais s'ils veulent accompagner la France, qu'ils s'en aillent, ils n'ont qu'à partir s'ils sont sous la coupe de la France'' estime par exemple Aboubacar.
Pour Samba, un autre jeune "les autres Européens, je ne les mets pas dans le même lot que la France. Aujourd'hui, toute l'Afrique et tous les Maliens ont compris que la France est le premier ennemi de l'Afrique par rapport à son mode de gouvernance. Maintenant, on s'est éveillé, on s'est réveillé et on a tout compris. C'est pour cette raison que nous ne voulons plus d'eux et non des autres forces européennes."
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Bouba estime lui que "si l'Allemagne prend cette décision, je crois qu'elle a oublié qui elle était avant aujourd'hui. Si nous avons des alliés aujourd'hui, bien avant la Russie, je peux dire que l'Allemagne fut le premier pays à reconnaitre le Mali indépendant, libre et souverain. Mais si elle essaie de partir ou pense que cette décision est la bienvenue, il n'y a pas de problèmes. Nous la considérons quand même comme une amie."
Pas de raison de s'inquiéter
Kassim Keita est membre du Conseil national de transition (CNT). Pour lui, Berlin préfèrerait préserver ses liens d'amitié historiques avec Bamako. Mais il estime aussi qu'il n'y a pas à s'inquiéter en cas d'un éventuel départ des forces allemandes.
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"L'Allemagne fait des efforts pour que les relations qui existent entre elle et le Mali soient maintenues pour l'intérêt supérieur des deux pays. De mon point de vue, que l'Allemagne accepte de rester ou retire ses troupes, que ce soit de leur plein gré ou que ce soit dans le cadre de l'Union européenne, je crois que nous avons des militaires bien aguerris qui peuvent tenir maintenant la sécurité au Mali et qui ont d'ailleurs déjà commencé le ratissage'' explique t-il.
Selon un porte-parole du ministère allemand de la Défense, les tensions diplomatiques actuelles entre Bamako et Paris, mais aussi l'incertitude démocratique après le double putsch des militaires, remettent en cause les objectifs de l'intervention de la Bundeswehr au Mali.