Le scénario afghan est-il possible au Mali ?
16 août 2021Au Mali, l'arrivée au pouvoir des talibans en Afghanistanest suivie de près par la population qui vit au rythme des attentats terroristes ou encore de l'occupation des villages par des groupes armés. L'échec des Américains et de la communauté internationale dans ce pays d'Asie centrale relance le débat sur la présence des troupes internationales au Mali et dans le Sahel.
La prise de Kaboul par les talibans a ainsi été diversement accueillie par les habitants de Bamako. Pour Salif, "en seulement 45 jours, les talibans ont conquis le territoire national et ont pris le pouvoir. C'est ce qui a failli se passer au Mali en 2012 lorsque les rebelles occupaient les deux tiers du territoire national et qu'il a fallu l'intervention de l'opération Serval pour pouvoir stopper cette intervention."
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Pour d'autres Maliens, la prise de pouvoir des talibans doit servir de leçon pour les actuelles autorités de transition au Mali. C'est le cas d'Ibrahim, qui estime "qu'on ne peut compter que sur notre propre armée pour sauvegarder notre intégrité territoriale."
Enfin, Coumba dit espérer "que cette arrivée des talibans (que lors de leur prise de pouvoir en 1996, ndlr) va être différente concernant la dignité humaine, aux droits humains, et aux besoins d'épanouissement de tout le monde."
Le rôle de l'armée française au Mali
Selon Yehia Ag Mohamed Ali, membre de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), le scénario afghan se dessine au Mali."Tous les villages, tous les hameaux sont entre les mains des groupes djihadistes qui appliquent la charia, qui font la loi, qui administrent. Cela doit nous faire réfléchir. Pendant ce temps, la France annonce le retrait ou l'allègement de son dispositif militaire au moment où l'insurrection prend de l'ampleur."
Le pire est à craindre, assure de son côté Boubacar Bah du Centre d'analyse sur la gouvernance et la sécurité au Sahel. Pour lui, le Mali et le Sahel ne sont pas prêts actuellement à répondre efficacement au péril djihadiste. "Il y a la peur de l'élargissement des enjeux géopolitiques qui sont partis de l'Afghanistan depuis la première guerre des années 80 avec l'Union soviétique, rappelle Boubacar Bah. La deuxième crainte est liée aux enjeux idéologiques et doctrinaux sur lesquels nos pays sont fragiles. Ces pays n'arrivent pas à organiser les communautés pour résister au choc idéologique et doctrinal."
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Al Qaïda, qui demeure l'organisation terroriste la plus importante au Sahel, a déjà fait allégeance aux talibans, les nouveaux maîtres de Kaboul.