Mais où se cache Joseph Kony ?
24 septembre 2012La semaine dernière, l’Union africaine a pris le contrôle de la force régionale qui traque le chef de la rébellion ougandaise de la LRA. La milice de l’Armée de résistance du Seigneur sème la terreur dans la région depuis 25 ans. Quant à son chef, Joseph Kony, il sera au centre, ce lundi 24 septembre, d’une réunion aux Nations unies. Crimes de guerre présumés
Joseph Kony est le criminel de guerre présumé le plus recherché de toute l’Afrique. Depuis 2005, la CPI estime qu’il doit rendre compte devant la justice internationale de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, perpétrés en tant que chef de l’Armée de résistance du Seigneur. Le nombre de rebelles de la LRA est estimé aujourd'hui à 300 hommes environ, qui peuvent se mouvoir aisément dans la zone où ils sont recherchés, un territoire aussi grand que la France, ce qui complique la traque.
Échec des négociations
Jusqu’à présent, les négociations de paix, en vue du désarmement de la milice, ont toujours échoué. En partie à cause de la poursuite des assauts de l’armée contre la milice, y compris à des moments cruciaux de la négociation. Et à cause aussi de la brutalité de l’armée ougandaise vis-à-vis de la population civile.
« L’armée ougandaise fait partie du conflit, explique Mareike Schomerus, de la London School of Economics. Cela fait des années que, comme la LRA, elle s’en prend aux civils. Elle s’est servie du conflit comme d’un prétexte pour s’enrichir et militariser progressivement la région. »Des victimes civiles
Le commando qui doit trouver Joseph Kony vient tout juste d’être mis sur pied, avec le soutien logistique des États-Unis. Cette troupe est composée de 5.000 hommes originaires de RDC, d’Ouganda, du Soudan du Sud, de République centrafricaine, soit les pays qui ont eu le plus à souffrir des méfaits de la LRA ces 25 dernières années.
La dernière trace tangible laissée par l’Armée de résistance du Seigneur remonte à début septembre, quand la milice avait enlevé 55 personnes dans la province centrafricaine de Bangassou. Mais c’est dans le nord de l‘Ouganda que la population a le plus pâti des exactions de la LRA.« Les gens qui ont des proches qui ont disparu, enlevés par la LRA, ces gens considèrent que la réconciliation est primordiale. Il y va de leurs enfants. Ils veulent que leurs enfants rentrent chez eux. C’est pourquoi ils sont, pour la plupart, favorables à une solution pacifique », observe Lioba Lenhart, de l’Institut pour la paix et les études stratégiques, à Gulu, dans le nord de l’Ouganda.
Pour aboutir, la traque à Joseph Kony devra s’ajouter à une volonté politique réelle des États de la sous-région à combattre les racines du mal, d’ordre politique et économique. Dans l’espoir que le Soudan, cette fois-ci, ne protège pas les rebelles ougandais s’ils fuient vers la province soudanaise du Darfour.