L’Église catholique appelle au dialogue en Centrafrique
18 janvier 2021C'est après un conclave de plusieurs jours que les évêques ont délivré dimanche (17.01) un ce message intitulé : "Lève-toi et marche". Une marche comme un dialogue disent-ils face aux violences qui minent le pays, au moment même où les rebelles de la CPC demandent au gouvernement de démissionner.
"Nous appelons à un dialogue sincère et franc, fraternel et constructif pour trouver une paix juste et durable en repoussant la haine, la violence et l'esprit de vengeance. Arrêtons de nous nuire collectivement, arrêtons de créer des divisions qui sont contraires à l'esprit de notre devise, arrêtons de faire bénéficier les richesses de notre pays à une minorité selon son appartenance politique ou ses affinités tribales. Arrêtons de nous autodétruire. Notre pays a trop souffert de complot extérieur avec des complicités locales", a déclaré l'Abbé Cédric Rodrigue Kongbo Gbassinga, le secrétaire général des évêques de Centrafrique.
Faire cesser les violences
Les évêques faisaient référence aux attaques rebelles depuis la mi-décembre, notamment celle dont a été victime la capitale Bangui le mercredi 13 janvier.
La reprise des hostilités, depuis la fin de l'année dernière a fait fuir près de 60.000 Centrafricains selon l'ONU. La Russie a de son côté fait savoir en fin de semaine dernière qu'elle allait retirer 300 "instructeurs militaires" envoyés fin 2020 dans le pays.
C’est pourquoi les évêques appellent les autorités à revoir leur diplomatie pour faire cesser les violences.
"Il est plus que jamais temps de faire usage du génie centrafricain par un travail honnête, organisé et courageux pour que ces richesses profitent aux fils et filles de notre pays ainsi qu'au développement de toute la nation. Nous sommes conscients que la lutte pour la sauvegarde de notre souveraineté continue. En effet, la République Centrafricaine a le droit souverain de choisir librement ses partenaires et de réviser, voire de mettre fin à des accords conclus avec certains Etats lorsque sa souveraineté est menacée".
Le message a été bien appréhendé par Augustin Yangana Yahoté, le ministre de l'Administration du territoire qui a représenté le président Faustin Archange Touadéra.
Bangassou libérée
Deux semaines après en avoir pris le contrôle, les rebelles centrafricains qui mènent depuis décembre une offensive contre le régime du président Faustin Archange Touadéra ont quitté la ville de Bangassou, située à 750 km à l'est de la capitale Bangui (dans le sud-est du pays). Le retrait est intervenu après l’expiration de l’ultimatum de la Minusca, a précisé son porte-parole Vladimir Monteiro.
Selon lui, la force de l'ONU "reste en alerte pour prévenir toute action des groupes armés visant la population civile, l'autorité de l'Etat et les Casques bleus ou le retour des rebelles dans la ville".
Pillage des biens du peuple
Pour sa part, le lieutenant-colonel Abdoulaziz Fall, porte-parole de la composante militaire de la Minusca a déploré "des incidents impliquant des tentatives de pillages qui ont eu lieu dans la soirée et le matin de vendredi et samedi, et la force est intervenue pour y mettre fin.
"Le pillage de la ville de Bangassou par les rebelles (...) avant leur retrait à l'arrivée des renforts constitués des éléments du contingent rwandais de la Minusca est révélateur d'un des objectifs de ces mercenaires étrangers : piller nos richesses et les biens de notre peuple", a écrit sur sa page Facebook le Premier ministre centrafricain Firmin Ngrebada.
Rappelons que depuis le 17 décembre 2020, six groupes armés sont réunis au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Huit jours avant les élections les élections présidentielle et législatives, ils avaient annoncé leur offensive pour empêcher la réélection du président sortant Faustin Archange Touadéra, dont la victoire a été confimrée ce lundi (18.01) avec 53.16% des voix.
La marche de la CPC sur Bangui avait cependant été empêchée par l'armée centrafricaine, la Minusca - déployée depuis 2014 et forte de près de 12.000 soldats - et des centaines de militaires rwandais et de paramilitaires russes dépêchés par leurs pays, au début de l'offensive rebelle.