Législatives en Biélorussie, une formalité pour Loukachenko
21 septembre 2012D'ailleurs, dans le parlement sortant ne figure aucun représentant de l'opposition. Les 110 députés ne sont là que pour acquiescer toutes les décisions du président Alexandre Loukachenko, que certains qualifient de dernier dictateur d'Europe.
Le jour officiel de ce scrutin législatif est ce dimanche 23 septembre. Mais les bureaux de vote - plus de 6.000 - sont déjà ouverts depuis le 18 septembre. Chaque électeur peut donc voter avant le jour J. Selon les explications officielles, cela donnerait davantage de possibilités aux citoyens de faire usage de leur droit de vote.L'opposition dénonce le fait que dans de nombreuses entreprises d'État et administrations, les employés ont été forcés d'aller voter le plus tôt possible sous la menace, sinon, de perdre leur emploi. Ce vote prématuré permettrait ainsi au pouvoir d'avoir le temps de se livrer à toutes sortes de manipulations.
Le président Alexandre Lukaschenko, au pouvoir depuis 1994, promet des "élections justes". L'opposition entonnerait selon lui la vieille rengaine du manque de légitimité parce que ses représentants veulent ainsi justifier leur inévitable défaite :
« Ces gens, ces "opposants" n'ont jamais rien fait d'autre que de trahir le pays et d'empoisonner le peuple. Et maintenant ces sales gueules mendient à nouveau le pouvoir. On sait quelle politique ils poursuivent ! »
Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International, la campagne électorale de cette année a été marquée par une vague d'arrestations lors de rassemblements pacifiques et par l'emprisonnement de plusieurs membres de l'opposition.
Les électeurs sont frustrés et lassés de la politique. En l'espace d'un an, la monnaie nationale a perdu les deux tiers de sa valeur. Le président Loukachenko promet pourtant, haut et fort, de relever le salaire moyen à 500 dollars d'ici à la fin de l'année.Mais les électeurs ne croient plus ni en Loukachenko, ni en l'opposition. Une opposition divisée en une dizaine de petits partis qui ne luttent même pas pour ce scrutin qu'ils qualifient de "farce". Il y a des mois déjà, plusieurs d'entre eux ont appelé à boycotter le scrutin. Et il y a quelques jours, l'un des principaux partis d'opposition, le "Parti uni des citoyens" s'est aussi retiré de la course. Son président Anatoli Lebedko explique pourquoi :
Nous avions posé trois conditions au pouvoir : la libération des prisonniers politiques, l'accès de nos représentants aux commissions électorales, la suppression des votes avant le jour officiel de l'élection. Aucun de ces trois points n'a été réalisé. C'est pourquoi nous appelons à ne pas participer à cette mascarade, n'allez pas voter ! »
Le vainqueur est connu d'avance : Alexandre Loukachenko. Car après ce scrutin, le président aura de nouveau à faire avec un parlement docile qui, comme le précédent, approuvera sans broncher toutes ses décisions.