L'ONU alerte sur "l'urgence" au Cameroun
14 mai 2019C'est une réunion inédite qui a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi, à New-York, au conseil de sécurité de l'ONU. Une réunion consacrée au Cameroun. Les membres du Conseil avait jusque-là préféré tenté les pressions bilatérales, c'est à dire directement en négociant entre présidences avec Yaoundé. Mais la situation se dégrade de jour en jour et le conseil de sécurité l'ONU a donc officiellement tiré la sonette d'alarme sur un ton grave.
Les enfants particulièrement touchés
Face aux membres du CS, le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, dresse un tableau particulièrement sombre de la situation dans le pays, notamment dans les régions anglophones du pays en proie à des violences entre l'armée et des groupes séparatistes. "4,3 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire dans l'ensemble du pays, c'est à dire un Camerounais sur six", explique-t-il. "C'est une hausse de 30% par rapport à l'année dernière et plus de la moitié de ces personnes sont des enfants."
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Si rien n'est fait, la crise humanitaire pourrait devenir incontrôlable, s'inquiète le diplomate. Plusieurs États-membres appellent d'ailleurs le gouvernement à prendre ses responsabilités. "Un dialogue politique inclusif doit avoir lieu", déclare l'ambassadeur allemand Christoph Heusgen, dont le pays co-organise la réunion. Selon-lui, le "gouvernement mène des actions pour l'aide humanitaire, mais ça n'est pas assez".
Le gouvernement camerounais se défend
Mais le Cameroun, qui a le soutien des membres africains du Conseil de Sécurité ainsi que de la Russie et de la Chine, balaie ces critiques. L'ambassadeur camerounais à l'ONU Michel Tommo Monthe dénonce une exagération de la situation humanitaire. ""Le Cameroun est gouverné. Nous faisons face à la sécession, nous faisons face au terrorisme, nous faisons face à l'insurrection. Et nous y ferons face".
Selon l'International Crisis Group, le conflit au Cameroun a fait 1850 morts et plus de 530 000 déplacés internes et des dizaines de milliers de réfugiés depuis 2017.