Libye : l'UE appelle au départ des mercenaires étrangers
26 mars 2021"Nous sommes unis et déterminés aux côtés de la Libye", a déclaré Heiko Maas, le ministre allemand des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse conjointe avec Abdelhamid Dbeibah, le nouveau Premier ministre libyenchargé d’organiser la transition dans un pays meurtri par dix années de confit.
Heiko Maas s’est en effet rendu cette semaine avec ses homologues français Jean-Yves Le Drian et italien Luigi di Maio à Tripoli pour afficher le soutien de l’Union européenne au nouveau pouvoir d’union nationale libyen, issu de longues tractations sous l’égide de l’Onu et investi il y a à peine dix jours.
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Ensemble, ils ont appelé au retrait immédiat des mercenaires de Libye. Pour Heiko Maas, "il est plus que temps" que ces forces étrangères quittent le pays. Le retrait des mercenaires serait selon lui d’une 'importance centrale" pour permettre à la Libye de retrouver sa souveraineté, alors que le pays est censé organiser une élection présidentielle en décembre prochain.
20.000 soldats et mercenaires
"Nous réitérons la nécessité du départ de tous les mercenaires de Libye et de façon immédiate", a également proclamé la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, lors d'une conférence de presse avec ses trois homologues européens.
Ce même appel a été lancé depuis l’Egypte par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Le départ des mercenaires mais aussi des troupes étrangères fait partie d’un cessez-le-feu négocié par l’Onu. Les Nations unies estiment à 20.000 le nombre de soldats et combattants étrangers en Libye.
Ces derniers viendraient essentiellement de Russie, à travers le groupe de sécurité Wagner, mais aussi de Turquie, de Syrie, du Tchad et du Soudan. Si ce n’est pas officiel, leur présence a été rapportée par plusieurs médias et des experts du pays.
Si une source diplomatique française affirme qu’un retrait de combattants syriens est en cours, le mouvement de repli serait selon l’Onu encore insuffisant.
Cette semaine, son secrétaire général Antonio Guterres s’est dit "profondément préoccupé par les informations sur une présence persistante d'éléments étrangers dans et autour de Syrte et dans le centre de la Libye."
Plaque tournante de l'immigration
Le cas de la Libye a aussi été une nouvelle fois mis dans la balance lors du sommet de l’UE ce jeudi, alors que les Européens veulent normaliser leurs relations avec la Turquie.
L’UE a ainsi formulé le retrait des forces turques de Libye comme l’une de conditions pour un retour au dialogue.Ankara a en effet soutenu activement l’ancien gouvernementen place à Tripoli, contesté jusque-là par les forces du maréchal Khalifa Haftar à l’est de la Libye.
Enfin, la stabilité de ce pays semble d’autant plus prioritaire pour les Européens que la Libye est une plaque tournante de l’immigration clandestine vers l’Union européenne, avec des camps de détention de migrants régulièrement critiqués par les défenseurs des droits de l’homme.
De plus, les garde-côtes libyens, souvent accusés de mauvaises pratiques vis-à-vis des migrants en mer, sont formés et financés par Bruxelles.