Le Liban, un an après les explosions au port de Beyrouth
4 août 2021Il y a exactement un an, une partie de Beyrouth était détruite suite à l’explosion de plusieurs tonnes de nitrate d'ammonium emmagasinées dans le port de la capitale libanaise.
La tragédieavait fait 206 victimes, des milliers de blessés et des centaines de milliers de personnes déplacées.
Les enquêtes judiciaires ont fait ressortir la négligence des autorités libanaises ayant conduit à l’accident.
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En effet, des membres du gouvernement et des personnalités haut placées du pays auraient été informées des dangers de la présence de nitrate d’ammonium dans le port, mais ceux-ci avaient fermé les yeux là-dessus.
Aujourd’hui, un an après la catastrophe, les familles des victimes continuent de demander justice et une levée de l’immunité des autorités responsables de négligence. Mais pour le moment, rien n’est fait.
Les familles des victimes revoltées
Les familles sont encore aujourd’hui dans la rue pour faire pression sur les autorités.
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Pour Ibrahim Hoteit, représentant des familles ayant perdu leurs proches dans l’explosion, la justice libanaise traîne. Il n’est pas tendre en s’adressant aux autorités :
"Notre patience est à bout. C'est tout. Vous devez comprendre cela si vous l'intérêt du pays vous tient vraiment à cœur et si vous voulez éviter que la situation ne se détériore. Nous nous dirigeons vers des actions de casse. Nous en avons fini avec les manifestations de routine et pacifiques. Nous espérons que vous y réfléchirez bien."
Plusieurs ONG et associations dénoncent aussi le silence des autorités libanaises. Human Rights Watch (HRW) par exemple avait accusé les autorités de "négligence criminelle", de violation du droit à la vie et de faire barrage à l'enquête locale sur l'explosion.
Selon Lynn Maalouf, directrice de recherches sur le Moyen-Orient d'Amnesty International, avec cette tragédie et ses suites, le fossé entre les Libanais et leurs dirigeants n’a jamais été aussi grand.
"Les familles sont en train de mener une bataille historique parce que c’est un réel changement dans cette demande de justice et au-delà de l’explosion. C’est vraiment une bataille historique et très symbolique qui se passe aujourd’hui parce que sa nature est bien différente de celle de la période après la guerre libanaise."
Mais pour la directrice des recherches sur le Moyen-Orient d'Amnesty International, cette demande de justice ne trouvera probablement pas rapidement écho favorable auprès du gouvernement qui cherche plutôt à se protéger.