L'Ethiopie, un partenaire qui inquiète l'Europe
16 décembre 2020Jusqu'ici, ils seraient plus de 63.000 déplacés internes au Tigré, y compris les personnes qui ont fui vers les régions voisines d'Afar et d'Amhara. Leur objectif est de se mettre à l'abri des opérations militaires déclenchées le 4 novembre par le gouvernement central d'Addis Abeba contre le TPLF, le groupe formé par les autorités dissidentes de la province du Tigré située dans le nord de l'Ethiopie.
Lire aussi → Les raisons de l'escalade du conflit au Tigré
Mais leur situation est critique dans les régions et pays voisins où ils sont accueillis. Les acteurs humanitaires se plaignent du refus du gouvernement d'Addis Abeba de leur donner accès à ces populations. Au Tigré même, les difficultés causées par le conflit ont fait réagir les partenaires européens de l'Ethiopie.
Le SPD plaide pour une solution politique
Le parti social-démocrate allemand, SPD, a consacré une réunion, ce mardi (15.12.2020) à la crise du Tigré et ses conséquences humanitaires.
Le député Christoph Matschie, chargé des affaires africaines au sein du groupe SPD à l'Assemblée nationale, se dit inquiet face aux tensions. Mais en même temps, il souligne l'importance de préserver l'unité de l'Ethiopie.
Le SPD, membre de la coalition au pouvoir à Berlin, insiste cependant sur un règlement politique de la crise plutôt que par la force militaire.
"Pour le SPD, l'Ethiopie est l'un des plus importants partenaires de l'Allemagne sur le continent africain. Et cela ne change pas, même en temps de crise", assure le député allemand.
Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019 a annoncé il y a quelques semaines que l'offensive militaire avait pris fin après une prise de contrôle de la capitale Mekele et la fuite des responsables du TPLF.
Pour Christoph Matschie, "c'est bien que le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed ait annoncé la fin de l'offensive militaire. Car en définitive, la solution ne peut être que politique".
Le SPD, explique-t-il encore, espère "que les prochains mois seront mis à profit pour créer un climat de réconciliation et préparer la voie à ce que les élections prévues au milieu de l'année prochaine soient paisibles et équitables."
Accès interdit aux humanitaires
Pour l'instant, il faut secourir les populations. Or les acteurs humanitaires ont demandé au gouvernement éthiopien un accès au Tigré. Une demande restée sans suite positive, ce que regrette Stephane Dujarric.
Le porte-parole du secrétaire général de l'Onu se résoud à juste espérer que la situation humanitaire devenue critque avec les déplacements croissants de population "va changer dès que l'accès au Tigré sera autorisé. Une mission humanitaire conduite dans la région d'Afar a permis d'identifier des besoins en eau, toilettes et services d'hygiène. Il y a également des besoins en médicaments et soins de santé".
Lire aussi →Possibles crimes de guerre en Ethiopie selon l'Onu
Face à la crise au Tigré, l'Union européenne a reporté sa décision sur un projet d'aide budgétaire de près de 90 millions d'euros qui devait se concrétiser avant la fin de l'année. Selon une porte-parole de la Commission européenne, qui s'exprime à la demande de la DW, l'aide sera donnée à condition que les autorités éthiopiennes accordent un accès humanitaire aux zones de conflit.
D'autres conditions sont imposées, telles que le droit des civils à chercher refuge dans les pays voisins, le rétablissement du réseau de communication et l'arrêt des propos haineux à caractère ethnique.
En revanche, l'Union européenne assure que cette mesure n'affecte pas son action humanitaire et d'aide au développement.