L'espagne célèbre son unité sur fond de crise catalane
12 octobre 2017Si la situation en Espagne n'était pas aussi sérieuse, on pourrait en rire, écrit ainsi la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une poignée de personnes déclenchent leur scission de façon si maladroite que le gouvernement central est obligé de leur demander s'ils ont déclaré ou non l'indépendance.
Mais les séparatistes catalans ont laissé la crise prendre des proportions inacceptables. La société catalane est profondément divisée et le conflit avec Madrid pourrait entraîner des violences. Selon le quotidien de Francfort, l'Espagne a probablement commis une erreur en ne satisfaisant pas les besoins d'autonomie de la Catalogne ces dernières années, mais cela ne justifie en aucun cas les violations du droit de la part des Catalans.
"L'Espagne peut-elle encore être sauvée ?" s'interroge la Süddeutsche Zeitung. Le pays a besoin d'un système fédéral digne de ce nom, mais il n'est pas sûr que le Premier ministre Rajoy le conçoive. Les Catalans, de leur côté, doivent comprendre que tracer des frontières n'est pas une solution pour revendiquer leur identité culturelle. À l'heure de la mondialisation, le séparatisme est aussi moderne qu'une machine à écrire au temps de l'ordinateur.
Selon die tageszeitung, il faut redistribuer les recettes fiscales de façon plus transparente et plus juste aux 17 régions autonomes. Jusqu'ici, le Pays basque reçoit du pouvoir central beaucoup plus que la Catalogne - une décision arbitraire. Plutôt que l'indépendance, le journal plaide pour un renforcement des pouvoirs régionaux.
Faire pression sur la Turquie ?
Les journaux reviennent également sur les relations entre la Turquie et l'Allemagne, alors que s'est ouvert le procès d'une journaliste allemande pour "terrorisme". Selon la Frankfurter Allgemeine, Mesale Tolu part avec un avantage par rapport aux autres Allemands emprisonnés en Turquie pour des raisons politiques : l'acte d'accusation existe, le procès a démarré mercredi. Et même si elle encourt vingt ans de prison pour des faits douteux, le président Erdogan ne s'en est pas mêlé. La pression pourrait donc être un peu moins importante sur le tribunal, espère le quotidien.
Die Welt estime qu'il est temps pour Berlin de faire preuve de fermeté avec Recep Tayyip Erdogan. Pourquoi ne pas lui poser un ultimatum ? Si le gouvernement turc ne relâche pas les onze otages allemands dans les quatre prochaines semaines, tous les représentants de l'organisation Ditib - financée par l'État turc - pourraient être interdits de séjour en Allemagne.
On pourrait aussi suspendre la délivrance de visas aux ressortissants turcs et fermer la moitié des 14 consulats généraux. Celui qui prend des otages doit être traité comme un preneur d'otage, recommande Die Welt.