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Les sanctions américaines ont peu d'effets en Afrique

20 octobre 2020

Entre le Soudan, le Zimbabwe et la RDC, les sanctions des Etats-Unis ont produit des résultats contrastés. Des experts soulignent un besoin de réforme efficace.

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Le président Donald Trump s'exprime lors d'une rencontre à New York avec des dirigeants africains (20.09.2017)
Les sanctions américaines visent en général la lutte contre la corruption et le renforcement de la démocratieImage : Getty Images/AFP/B. Smialowski

Les responsables politiques au Soudan peuvent se féliciter : leur pays va quitter la liste de sanctions des Etats-Unis. Washington a placé le Soudan sur cette liste parce que Khartoum était accusé de financer le terrorisme.

Mais il n'y a pas que le Soudan sur cette liste. De nombreux autres Etats africains sont sous sanctions américaines. Certains experts pensent que celles-ci varient selon l'occupant de la Maison Blanche et qu'elles ont une efficacité relative. 

La liste américaine des sanctions

Mike Pompeo était le plus important représentant américain à visiter Khartoum après le coup d'Etat contre Omar el-Béchir
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo et Abdel-Fattah Burhan le chef du Conseil souverain de la transitionImage : picture-alliance/AP Photo/Sudanese Cabinet

Il a fallu que le Soudan libère la somme de 335 millions de dollars exigé par le président américain Donald Trump pour obtenir ce lundi (19.10.2020) la promesse de quitter la liste des sanctions américaines sur laquelle le pays figure depuis 1993.

La somme devrait servir de dédommagement "aux familles de victimes américaines du terrorisme".

À Khartoum, les autorités se disent soulagées. Elles espèrent qu'avec la levée de ces sanctions imposées à la suite du refuge accordé par le Soudan à Oussama Ben Laden, le pays pourra renouer avec les investisseurs.

Lire aussi → Omar el-Béchir de nouveau devant la justice

En septembre, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait déjà évoqué un projet d'accord prévoyant le versement sur un compte bloqué de ces indemnités pour les familles des victimes des attentats perpétrés en 1998 par la nébuleuse djihadiste Al-Qaïda. Ils avaient visé les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie et avaient fait plus de 200 morts.

Jadis paria de la communauté internationale pour avoir accueilli le chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden dans les années 1990, le Soudan a toujours nié toute implication dans ces attaques mais a accepté de remplir les demandes américaines pour obtenir la levée des sanctions.

Mais il y aurait une autre contrepartie : la reconnaissance d'Israël comme Etat. Pour Theodore Murphy, directeur du programme Afrique du groupe de recherches European council on foreign relations, "la raison pour laquelle les sanctions ont été initialement imposées, c'était le terrorisme. Cela n'a rien à faire avec la reconnaissance d'Israël. Et le fait d'avoir continué de maintenir ces sanctions contredit l'autre intention affichée du gouvernement américain, qui est de soutenir la transition au Soudan".

Une politique peu efficace

"Neuf Etats africains sont frappés par des sanctions"

Des experts pensent que la politique de sanctions des Etats-Unis manque d'une logique claire.

Au total, des ressortissants de neuf Etats africains seraient encore frappés par des sanctions du ministère des Finances des Etats Unis.

Outre le Soudan, il y a le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC), le Mali, la Libye, le Zimbabwe, la Somalie, le Soudan du Sud et la Centrafrique.

Pourtant, dans le cas de la RDC, les sanctions ont eu un effet dans l'alternance politique, pense Hilary Mossberg du groupe The Sentry.

"Je ne dirais pas que les sanctions étaient la seule raison pour laquelle le président Kabila a décidé de ne pas être candidat. Mais les recherches montrent bien qu'elles font partie du succès du changement politique", explique-t-elle.

En revanche, dans certains pays comme le Zimbabwe, les sanctions sont présentées par l'élite politique comme un prétexte pour justifier leurs échecs.

Pour Hilary Mossberg, les sanctions des Etats-Unis pourraient être plus efficaces si le pays misait sur des actions multilatérales.

L'organisation The Sentry recommande aussi que Washington se focalise moins sur des individus mais plus sur des réseaux permettant à un régime de se maintenir au pouvoir.

Enfin, Hilary Mossberg estime  que l'élection présidentielle aux Etats-Unis va induire une approche plus stratégique des sanctions, en cas d'une victoire du candidat démocrate Joe Biden.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum