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Les habitants de N'Djamena ne croient pas à la Zlec

Blaise Dariustone
11 juillet 2019

Malgré l’entrée en vigueur de l’accord sur la zone de libre échange économique, les commerçants tchadiens sont toujours victimes de tracasseries et d'humiliations à la frontière avec le Cameroun.

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Grenze Tschad - Kamerun 2015 | N'Gueli-Brücke
Image : Getty Images/AFP/P. Desmazes

"J’ai vu mes marchandises arrachées, j’ai été même tabassé par des douaniers"

Malgré l’entrée en vigueur de l’accord sur la zone de libre échange économique, les échanges commerciaux  et les déplacements des personnes restent difficiles dans certains pays de la zone CEMAC, la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale.

C’est le cas du Tchad, où il est difficile de traverser la frontière avec le Cameroun pour se rendre à Kousseri, une ville où de nombreux commerçants vont s’approvisionner en marchandises. 

Marchandises confisquées, commerçants tabassés

Nous sommes à Ngueli, dans la commune du 9ème arrondissement de N’Djamena, précisément à l’entrée du pont situé à la frontière entre le Tchad et le Cameroun. 

Fouilles au corps, confiscation de marchandises et humiliations de toutes sortes sont monnaie courante
Fouilles au corps, confiscation de marchandises et humiliations de toutes sortes sont monnaie couranteImage : Getty Images/AFP/P. Desmazes

Comme à l’accoutumée, ce carrefour est bondé. D’un coté, des commerçants qui vont s’approvisionner en marchandises à Kousseri, de l’autre ceux qui en reviennent. 

Les usagers de cet axe subissent toujours toutes sortes de tracasseries douanières et militaires.

Souleymane Djabo est catégorique: "Je ne crois pas à votre histoire de libre-échange", dit ce commerçant qui emprunte la route N'Djamena-Kousseri depuis plus de dix ans.

"À défaut de trouver d’autres occupations pour subvenir aux besoins de nos familles, nous acceptons toutes sortes d’humiliations ici au pont de Ngueli. J’ai vu mes marchandises arrachées, j’ai été même tabassé par des douaniers ou des policiers, plusieurs fois."

5.000 francs CFA pour récupérer deux réchauds

Abba Mallah, qui s’est rendu en compagnie d’un des ses amis à Kousseri pour récupérer un colis en provenance de Douala, au Cameroun, ne dit pas le contraire.

Un ami lui avait envoyé "trois pantalons, deux réchauds et une ceinture de Douala". Sur le chemin du retour de Kousseri, un militaire l'a arrêté, lui et son ami, au poste de douane de Ngueli.

Lorsqu'il a trouvé les marchandises dans le panier, "il a prétendu que c’était de la fraude. J'ai dit : comment c’est de la fraude ? Sur ce, on nous a emmenés sous un hangar et on nous a frappés et après on nous a dit : ça va, prenez vos pantalons et ceintures et partez, les réchauds sont saisis. J’ai dit rendez-moi mes objets, le militaire a demandé que je paye 5.000 francs CFA. J’ai payé 5.000 francs et on m’a rendu mes deux réchauds."

Les femmes commerçantes espèrent une amélioration

De nombreux commerçants tchadiens vont s'approvisionner de l'autre côté de la frontière
De nombreux commerçants tchadiens vont s'approvisionner de l'autre côté de la frontièreImage : Getty Images/I.Sanogo

Rencontrée aussi à l'entrée du pont, Khadidja Mariam ne perd pas espoir. "Si cet accord entre en vigueur, ça serait un soulagement pour nous, les femmes commerçantes. On a vraiment trop souffert sur cette route."

Il y a plus de deux ans, le gouvernement tchadien a déployé au niveau de cette frontière plus de 500 membres de la garde présidentielle, appelés Force d’appui aux régies (FAR), pour renforcer les douaniers. 

Ces militaires ne cessent de traquer et d'humilier les usagers de cet axe pour confisquer leurs provisions ou marchandises, qu'ils assimilent à des produits de contrebande. 

Ils pourchassent aussi parfois certaines personnes jusqu’en ville, occasionnant des accidents.

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais