Les Gambiens réfugiés en Allemagne déchantent
6 décembre 2016Lorsque Bubacar Drammeh - son nom a été changé pour respecter son anonymat - a appris la victoire d'Adama Barrow, il a eu du mal à y croire. Avant de sauter de joie! Mais ce réfugié gambien de 42 ans, qui vit à Berlin, a vite déchanté : "Quand j'ai fait ma demande d'asile politique en Allemagne, je me disais que tout ce passerait bien. Mais maintenant, cela va être très difficile. On a la liberté en Gambie, c'est le paradis là-bas désormais. J'aimerais rester ici, je connais beaucoup de gens, j'ai beaucoup d'amis. Ce serait très dur pour moi de retourner en Gambie."
Le mois dernier, le ministre de l'Intérieur CDU du Bade-Wurtemberg a affirmé que son Land accueillait de "nombreux réfugiés gambiens qui posaient beaucoup de problèmes". Thomas Strobl a ajouté qu'il n'était "pas prêt à accepter cette criminalité massive importée". Il a ainsi plaidé pour renvoyer les bateaux de migrants en Afrique. Le responsable politique compte aborder la question des pays africains sûrs lors du Congrès de la CDU qui se déroule en ce moment à Essen.
L'Allemagne accueille 14 500 Gambiens, c'est le troisième plus grand groupe de réfugiés africains dans le pays. Si la Gambie devenait un pays sûr, ceux qui ont fui vers l'Allemagne seraient renvoyés à Banjul.
Discuter des pays sûrs
Au ministère fédéral de l'Intérieur, un porte-parole a assuré ne pas avoir d'informations à ce sujet. Mais si les choses venaient à changer avec l'élection d'Adama Barrow, les autorités allemandes feraient une erreur selon Christoph Straesser. Il est député social-démocrate, en charge du groupe parlementaire sur l'Afrique :
"Je suis contre le fait d'engager cette discussion, car nous ne savons pas dans quelle direction le pays va aller. Il y a toujours la torture dans les prisons. Une commission de l'ONU n'a pas pu visiter des prisons. Après la joie de cette élection, commencer à parler de pays sûr ne correspond pas, pour le moment, à la réalité en Gambie."
Lundi, le chef du principal parti d'opposition et 18 co-prévenus ont été libérés sous caution à Banjul. Mais l'ONG Human Rights Watch rappelle que "d'autres prisonniers de conscience sont toujours en prison simplement pour avoir exprimé leur opinion et participé à de manifestations pacifiques".