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Les eurodéputés se saisissent de la situation en Guinée

Georges Ibrahim Tounkara
13 février 2020

Le parlement européen a adopté ce jeudi (13.02.2020) à Strasbourg, une résolution qui condamne la répression policière et toutes les violences qui ont lieu depuis quelques mois en Guinée.

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Les manifestations de l'opposition ont souvent dégénéré en échauffourées
Les manifestations de l'opposition ont souvent dégénéré en échauffouréesImage : Getty Images/AFP/C. Binani

' Que l'unité et la paix en Guinée prévalent sur les intétrêts partisans' UE - MP3-Stereo

Le texte voté par les députés du parlement européen est un véritable réquisitoire contre le pouvoir guinéen. Il fait le tour de la crise née de la volonté du président Alpha Condé de doter le pays d’une nouvelle constitution qui pourrait lui permettre de s’offrir un troisième mandat de six ans.

Le parlement se dit particulièrement préoccupé par les atteintes massives aux droits de l’Homme, notamment les libertés d’expression, de manifestation et de réunion.

Il déplore aussi l’intimidation des défenseurs des droits de l’Homme, des journalistes, des ONG, des opposants au régime et les tirs à balles réelles sur des manifestants. 

Le Parlement européen se montre inquiet de la situation en Guinée
Le Parlement européen se montre inquiet de la situation en GuinéeImage : Imago/Z. Cheng

Virginie Battu-Henriksson est la porte-parole de l’Union européenne. Jointe par la DW, elle estime que "pour l'Union européenne, les préparatifs du processus électoral et la décision de coupler les élections législatives du 1er mars 2020 avec l'organisation du référendum, divisent profondément la Guinée. Nous avons appelé de manière claire à ce que l'unité et la paix en Guinée prévalent sur les intérêts partisans".

Pour un dialogue inclusif

L'ONG Amnesty International qui signale avoir dénombré plus de 70 morts dans la répression des manifestations en Guinée depuis 2015,  se félicite de cette mobilisation des députés européens. "Le fait qu'on parle de ces décès et qu'on pointe du doigt la manière dont les forces de sécurité répriment ces manifestations est pour nous quelque chose de positif. La deuxième chose positive est l'accent qui est mis sur la nécessité de protéger les journalistes, les militants pro-démocratie et les militants des droits de l'Homme. Enfin, la troisième chose positive c'est le fait d'encourager les autorités à diligenter des enquêtes et de traduire devant les tribunaux les personnes mises en cause", dit François Patuel, chercheur à Amnesty International. 

L'opposition est dans les rues depuis des mois et maintient la pression
L'opposition est dans les rues depuis des mois et maintient la pressionImage : Nadia Nahman, Stabschefin des Präsidenten der UFDG Cellou Dalein Diallo

Si l’Union européenne se montre inquiète de la dégradation socio-politique en Guinée, de quels moyens de pression dispose-t-elle et ira-t-elle jusqu’à la prise de sanctions contre le pouvoir d’Alpha Condé, si ces recommandations n’étaient pas prises en compte ? La réponse de Virginie Battu-Henriksson est plutôt à l'apaisement. 

"Plutôt que des moyens de pression, nous sommes prêts à faciliter un dialogue inclusif en Guinée en partenariat avec les acteurs régionaux comme les Nations unies, l'Union africaine et la Cédéao" indique la porte-parole de l’Union Européenne. 

La Guinée enregistre depuis la mi-octobre 2019, des protestations qui ont fait au moins 29 morts dont 28 civils et un gendarme. Les manifestations visent l'intention prêtée de longue date au président Condé de chercher à se succéder en modifiant la constitution pour remettre le compteur à zéro. Une idée que les députés européens n'approuvent pas.

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle