Les enjeux de la présidentielle au Congo
21 mars 2021Le premier tour de l’élection présidentielle de ce dimanche (21.03) s’est déroulé dans le calme. Aucun incident majeur n'a été enregistré. Cependant, quelques bureaux de vote ont ouvert avec un léger retard, tant disque d’autres ont été confrontés au problème du non-affichage des listes d’électeurs, ou des électeurs qui n’ont pas trouvé leurs noms.
Aussi, l’accès à internet et aux réseaux sociaux avaient été coupés dans la nuit, plusieurs heures avant l'ouverture des bureaux de vote qui comptent quelque 2,5 millions d'inscrits sur un peu plus de cinq millions d'habitants.
La participation
Ce scrutin a plusieurs enjeux à commencer par la participation qui a été faible.
Selon Etanislas Ngodi, maître assistant et spécialiste de l'histoire contemporaine à l'Université Marien Ngouabi de Brazzaville, "l'élection se joue au niveau de la participation. On aura quel pourcentage ? Et le deuxième enjeu, c'est l’enjeu de crédibilité de l'élection. Parce que la plupart des organisations internationales n'ont pas pu déployer des observateurs sur le terrain. Que ce soit l'Union européenne qui n'a pas déployé les missions d'observation ou encore certaines organisations de la société civile qui n'ont pas pu avoir des accréditations pour envoyer des observateurs nationaux dans les bureaux. Récemment, on sait que l'Eglise catholique a reçu un refus catégorique de recevoir des accréditations pour déployer des observateurs sur le terrain, malgré qu'elle ait déjà formé plus de 4.000 observateurs."
Contrairement aux années précédentes, l’Union européenne n’a pas déployé de mission, en raison du refus des autorités congolaises.
Seule l’Union africaine a réussi à envoyer sur place une vingtaine d’observateurs. Un nombre en dessous de ce qui était initialement prévu. Officiellement, dit-on, en raison de la pandémie de la Covid-19.
Insécurité dans le pool
L’insécurité dans le département du Pool, situé dans le sud du pays est également dans tous les esprits.
Il est vrai que le scrutin de cette année se tient dans des conditions sécuritaires plus apaisées qu’il y a cinq ans. Car en 2016, la région du pool était le théâtre d’affrontements armés avec les combattants du milicien Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntumi. Celui-ci a d’ailleurs, en début de semaine, appelé ses compatriotes au calme.
L'élection "ne doit pas être l'occasion de réveiller les vieux démons de la division", a -t-il déclaré.
Toutefois, Etanislas Ngodi souhaite que cette province fasse l’objet d’une grande attention de la part du nouveau président élu.
"Le pool a connu pendant plusieurs années des conflits armés. Et les gens se disaient toujours qu'avec l'élection, le pool est toujours une zone d'insécurité. Donc, avec le nouveau président, je pense qu'il faut tenir compte de la question de la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants parce que ces ex-combattants, au-delà de l'accord de 2017, ont été désarmés et attendent toujours d'être insérés. Ils peuvent se remobiliser et être utilisés pour des raisons politiques, explique-t-il à la DW.
L’enseignant-chercheur affirme aussi qu’au-delà de "cet aspect notamment de l'insécurité, il y a les questions de développement et l'accès aux services sociaux de base, à l'éducation, l'eau, la santé. Mais aussi, la question de la gouvernance électorale. Parce qu’il faudrait revoir tout le système, à commencer par le recensement général de la population qui peut permettre d'avoir un corps électoral fiable pour que les prochaines élections soient vraiment des élections crédibles que nul ne peut contester."
Certains candidats de l’opposition joints par la DW promettent de contester les résultats de cette élection si leurs délégués n’avaient pas accès aux procès-verbaux issus du vote, comme le prévoit la loi électorale en vigueur au Congo-Brazzaville.