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Les dépenses pour l'armement nucléaire en augmentation

Peter Hille | Fréjus Quenum
13 juin 2022

La course à l'armement nucléaire a repris, s'alarme le Sipri. Une compétition entre la Chine, les Etats-Unis et la Russie provoque la peur d'un embrasement.

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Lancement d'un missile indien de type Prithvi II (Archives - 09.06.2001)
Le Royaume-Uni a annoncé en 2021 relever le plafond de son arsenal nucléaire et a décidé de ne plus communiquer le nombre de ses armes opérationnellesImage : Indian Press Information Bureau/handout/epa/dpa/picture alliance

La course à l'armement nucléaire a repris. Durant les 35 dernières années, le monde pouvait se sentir à l'abri grâce à un déclin du recours à l'arme nucléaire. Mais ce temps est révolu, croient savoir les auteurs d'un nouveau rapport de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

>>> Lire aussi : Endiguer la prolifération des armes nucléaires

Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, la crainte d'un conflit généralisé qui mettrait le monde à feu et à sang augmente, note le Sipri. Un tel conflit entre l'armée russe et l'Otan ne laisserait que très peu de survivants. Mais cette peur d'un embrasement a une autre origine : les pays qui détiennent l'arme nucléaire ont actuellement tendance à consolider leurs capacités. 

Des dépenses qui suscitent des interrogations

Le chef de l'AIEA, Rafael Grossi lors d'une conférence de presse de l'AIEA (Archives - Vienne, 06.06.2022)
Selon le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, la décision iranienne de revenir sur ses engagements pourrait être un "coup fatal" à l'accord de 2015Image : Askin Kiyagan/AA/picture alliance

Beaucoup d'argent serait actuellement dépensé par certains pays détenteurs d'armes nucléaires.

Cela inquiète le Sipri qui rappelle que les neuf puissances nucléaires de la planète - Russie, Etats-Unis, Chine, Royaume-Uni, France, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord - ont la capacité de détruire de larges parties de la terre avec les 10.000 ogives qu'elles totalisent déjà.

Après quelques décennies de pause, les dépenses ont repris dans l'achat notamment de dispositifs de transport d'armes nucléaires. Il s'agit de missiles, de bateaux, de sous-marins ou d'avions.

"Tous les États dotés d'armes nucléaires sont actuellement très occupés. Ils sont occupés à moderniser leurs arsenaux, à la fois pour élargir les versions dont ils disposent, mais aussi pour introduire des dispositifs plus modernes", constate Hans Kristensen, expert du Sipri dans une interview accordée à la DW.

La Chine est l'un des pays qui investissent le plus

Des missiles Dongfeng-41 chinois lors d'un défilé militaire (Archives - Beijing, 01.10.2019)
Selon le Pentagone, Pékin pourrait disposer de 700 têtes d'ici 2027Image : Zhang Haofu/Xinhua/picture alliance

Pékin a ainsi fait construire environ trois cents silos, une sorte de puits creusés dans la terre et d'où peut être tiré un missile balistique. Un dispositif servant aussi à sécuriser l'arme nucléaire.

La Chine ne communique pas là-dessus, mais l'expert du Sipri Hans Kristensen pense que la Chine essaie soit de protéger ses propres arsenaux d'éventuelles frappes américaines, soit de déjouer les nouveaux systèmes de défense antimissile.

Or la Chine ignore les appels à la limitation de son équipement. Dans quatre ans, en 2026, le traité START entre la Russie et les Etats-Unis va expirer sans aucune chance d'être renouvelé. Une nouvelle compétition entre ces trois pays n'est donc pas à exclure. Mais la menace ne s'arrête pas à ce trio. 

"C'est aussi le cas de nouveaux pays dotés d'armes nucléaires très dynamiques comme l'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord", souligne Hans Kristensen.du Sipri. "Et de ces scénarios peuvent découler toutes sortes de, vous savez, de crises et de risques d'utilisation d'armes nucléaires sous une forme ou une autre", avertit encore l'expert.

Si la tendance actuelle se confirme, l'espoir d'un monde sans armes nucléaires ne serait qu'une chimère, dans un avenir proche.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum