"Les disputes font partie de la démocratie"
17 juillet 2020Tensions au sein de la coalition au pouvoir, désignation d’un nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante... depuis quelques semaines, rien ne va entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila.
Benno Müchler, représentant résident de la Fondation allemande Konrad Adenauer s'exprime sur la situation.
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Que vous inspire les tensions actuelles en RDC entre les deux coalitions CACH, Cap pour le changement de Félix Tshisekedi et le FCC, le Front commun pour le Congo de l'ancien chef de l'État Joseph Kabila ?
Benno Müchler : Dans la vie politique, tension ne veut pas toujours dire crise. Les disputes font partie de la démocratie.
Oui mais ces tensions on atteint un degré inimaginable avec l'arrestation, récemment, du vice-Premier ministre chargé de la justice, Célestin Tunda Ya Kasende. Les deux parties ne s'entendent pas aussi sur les réformes de la justice, ça doit être inquiétant non ?
Bien sûr que c’est inquiétant mais il faut évaluer les arguments pour et contre. Ce n'est pas tout à fait clair. C'est aussi une discussion en interne. Mais ce qu'il faut dire et ce qu'il faut prendre en compte : est-ce que ça doit être la priorité ou pas ?
Donc vous êtes optimiste, vous pensez que ces querelles, ces mésententes politiques trouverons une solution ?
Ce sont les parlementaires qui ont la responsabilité. Il faut agir avec une grande responsabilité envers la population. C'est l'espoir et actuellement chaque mouvement, chaque geste des différents parlementaires est suivi par les citoyens.
Vous qui connaissez très bien la RDC, pensez-vous que Joseph Kabila quoiqu’ancien président n'a plus une main mise sur les affaires du pays ?
Ce sont des spéculations. Conforment à la Constitution, ça sera possible pour un ancien président de revenir et de postuler pour un autre mandat. Donc c'est possible. Mais il y a beaucoup de points d'interrogation. Ce sera aussi une négociation en interne et c'est au peuple congolais de répondre à la question.
Mais vous savez que le FCC est majoritaire des deux chambres du Parlement, c'est ce parti qui détient le pays.
C'est votre argument. C'est de la négociation, c'est une coalition entre les deux camps, à savoir le FCC et le CACH donc la responsabilité est très grande tout comme la pression sur les deux camps.
En fin de semaine dernière l'Assemblée nationale congolaise a entériné le choix de la désignation d'un nouveau président à la tête de la Commission électorale nationale indépendante en la personne de Ronsard Malondaqui va remplacer Corneille Nangaa. L'Église catholique et l'opposition ne sont pas convaincus quand a l'impartialité de M. Ronsard. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas un bon signe. C’est leur droit, c’est aussi le droit des autres de s’opposer. Je trouve cela problématique.
Donc vous craignez que les prochaines élections de 2023 puissent également être entachées d'irrégularités comme ce fut le cas en décembre 2018 ?
J’ai dit qu’il faut agir avec responsabilité et prendre aussi en considération la société, la volonté du peuple. Il faut arriver à un compromis.
Donc il faut désigner un autre candidat à la place à la place de Ronsard Malonda ?
Pas du tout, ça c’est votre réponse. J’ai dit qu’il faut arriver à une solution durable.
Cela fait des près de deux ans que le président Félix Tshisekedi est à la tête de la RDC. Quel regard, quel bilan à mi-parcours vous pouvez dresser de sa gouvernance ?
Je constate que le nouveau président a essayé de pousser des dossiers importants. Il y a bien sûr à lutte contre la corruption, il y a aussi les dossiers très importants pour la société comme la gratuité de l'éducation de base.
Beaucoup de Congolais demandent à Félix Tshisekedi de se séparer de ses alliés du FCC pour avoir une plus grande marge de manœuvre.
C'est la démocratie. S’il y a des critiques au sein de la population, c'est le débat, et il faut délibérer. La démocratie, c’est la dispute, c’est la critique. Il faut arriver à un compromis, à un accord social. C'est le concept de chaque Etat qui est géré par un contrat social entre le peuple et le leader.