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Les catholiques béninois critiquent la gouvernance

8 décembre 2020

L'Observatoire chrétien catholique de la gouvernance a critiqué la dégradation du climat politique dans le pays et s’en est notamment pris au système de parrainage prévu pour l’élection présidentielle 2021.

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Patrice Talon, président du Bénin
Patrice Talon, président du BéninImage : Getty Images/AFP/Seyllou

L'Observatoire chrétien catholique de la gouvernance, une organisation qui dépend de l’Église catholique, a également formulé plusieurs recommandations pour la tenue de l’élection présidentielle du 11 avril 2021 dans un climat apaisé. Cet observatoire a dressé un bilan sans concession de la gouvernance depuis l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon en avril 2016. 

S’il note des avancées, l’Observatoire déplore la détérioration du climat politique national, marquée par plusieurs faits, dont la révision de la Constitution, de la charte des partis politiques et aussi l’introduction du parrainage pour le prochain scrutin présidentiel. 

L’ancien président Thomas Boni Yayi
L’ancien président Thomas Boni Yayi Image : picture alliance/AA/I. Haffejee

"C'est le chemin du salut qu'ils sont en train de montrer au président, même s'il faut aller au-delà, parce que le problème n'est pas seulement la question du parrainage. La thématique  de la présidentielle à venir est plus profonde que ça. Mais déjà, c'est satisfaisant que tout au moins, il y ait des gens dans la République qui élèvent le ton pour montrer le chemin à suivre au président", salue Valentin Djenontin, ancien député et ex-ministre de la justice proche de l’ancien président Thomas Boni Yayi. En novembre 2019, Valentin Djenontin avait été condamné par contumace à deux ans d’emprisonnement et deux millions de francs CFA d’amende, assortis d’un mandat d’arrêt international, pour vol et diffusion de documents administratifs. Il vit aujourd'hui en exil en France.

Le parrainage n’est pas un déni de démocratie

De son côté, la majorité présidentielle n’approuve pas la recommandation de l'Observatoire chrétien catholique de la gouvernance.

"Il n'y a jamais eu d'élections ouvertes à 100%. Vous pensez que quelqu'un qui est condamné dans son pays, on peut lui permettre de venir se présenter à une élection présidentielle ? Mais le parrainage, ce n'est pas une invention du Bénin, vous le savez très bien. En France, il y a le parrainage. Au Sénégal, aussi. En Côte d'Ivoire, pareil. Pourquoi est-ce que ça fait polémique chez nous?", s'interroge Abdoulaye Gounou Salifou, député de Natitingou (extrême nord-ouest du pays) et président du groupe Bloc républicain à l’Assemblée nationale, l’une des deux formations politiques de la majorité représentées dans l’hémicycle.

Les autorités seront-elles réceptives ?

Beaucoup d’experts se demandent si cet appel de l'Observatoire chrétien catholique de la gouvernance sera entendu par les autorités béninoises.

"La quasi-totalité des parrains provient de la majorité présidentielle. Et c'est ce que conteste beaucoup de gens. C'est finalement la majorité présidentielle qui va distribuer le parrainage à qui elle veut. On serait toujours dans un processus décidé par le président de la République et sa majorité.", estime le politologue Expedit Ologou, qui préside à Cotonou le CiAAF (Civic academy for Africa's future).

Expedit Ologou: "C'est la majorité présidentielle qui va distribuer le parrainage à qui elle veut"

En juin dernier, le CiAAF a publié une note d’analyse intitulée "Il n’est pas encore tard pour faire la paix au Bénin". Il faut dire que l’opposition béninoise n’a aucun élu dans les conseils municipaux qui ont été renouvelés l’été dernier, car elle avait décidé de boycotter le scrutin pour dénoncer les conditions de participation, anti-démocratiques selon elle, imposées par les autorités.

Enfin, l’Observatoire chrétien catholique de la gouvernance demande aux autorités béninoises de faciliter le retour au pays de tous les exilés politiques.

L’Observatoire chrétien catholique de la gouvernance invite aussi le Bénin à réintégrer le protocole qui permet aux citoyens de saisir la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, lorsque ceux-ci sont lésés.