Les Camerounais aux urnes pour une présidentielle sans surprise
9 octobre 2011Arrivé au pouvoir en 1982, Paul Biya devrait sans surprise être réélu. Le mode de scrutin est à un tour, le candidat arrivé en tête devient président. Et l'homme fort du Cameroun fait face à une opposition divisée. Pas moins de 22 autres candidats se présentent, parmi lesquels l'opposant historique John Fru Ndi, le seul véritable challenger. La campagne électorale s'est terminée samedi soir dans un climat d'indifférence. Las, les Camerounais ne se sont pas mobilisés. Les experts redoutent un faible taux de participation.
Les 24.000 bureaux de vote ont ouvert dimanche matin parfois avec plusieurs heures de retard, notamment à Douala, la capitale économique. Il n'y a pas eu de longues files d'attente devant les bureaux. A la sortie des urnes, des électeurs ont témoigné que l'encre, qui permet de constater le vote sur la liste d'émargement, n'était pas indélébile, un détail propice aux fraudes.
Un scrutin biaisé
Ces dernières semaines déjà, les opposants avaient accusé Paul Biya d'avoir verrouillé le système électoral à son avantage. Certains Camerounais n'ont pas reçu leurs cartes électorales à temps, et le scrutin se fait sans carte biométrique. Dans ce climat de tension, la Commission électorale camerounaise, l'Elecam, a dû vendredi mettre fin aux fonctions d'une de ses membres pour "fautes graves".
Pauline Biyong était accusée par plusieurs candidats de l'opposition d'avoir favorisé la campagne de Paul Biya. Elle était l'un des six membres de la société civile désignés par le chef de l'Etat. Après avoir glissé le bulletin dans l'urne, le président a déclaré que les Camerounais devaient faire preuve d'indulgence vis-à-vis des imperfections éventuelles. Avant d'ajouter : « Il n'y a aucune volonté de fraude. »
Les mesures de sécurité ont été renforcées à Yaoundé, la capitale, et à Douala, car les autorités redoutent des violences. Les attroupements sont notamment interdits devant les bureaux de vote. Le dépouillement doit débuter dimanche soir, vers 18h heure locale. La Cour suprême - qui siège en lieu d'un Conseil Constitutionnel jamais mis en place - doit ensuite publier les résultats dans les quinze jours.
Auteur : Cécile Leclerc, avec AFP, dpa
Edition : Moulay Abdel Aziz