Les 100 ans de la Constitution de Weimar
6 février 2019La Constitution de Weimar (Weimarer Reichsverfassung) est la première de caractère démocratique dont se soient dotés les Allemands.
Même si le troisième Reich nazi a chamboulé de nouveau le paysage politique une quinzaine d'année plus tard, en instaurant une dictature féroce, certains acquis de la Constitution de 1919 se retrouvent dans la constitution en vigueur actuellement en République fédérale.
Ils sont tous là
Il est rare de voir le président Frank-Walter Steinmeier, la chancelière Angela Merkel, les présidents des deux chambres du Parlement et le président de la cour constitutionnelle réunis à un même endroit.
Ils sont pourtant tous là, pour assister aux festivités en l'honneur de la Constitution de Weimar.
C'est que ce texte marque un tournant dans l'histoire de l'Allemagne contemporaine : les députés décident de tourner le dos à l'empire après l'abdication de Guillaume II et font le choix de la modernité en instaurant, au sortir de la Première guerre mondiale, une démocratie.
En 200 jours, en 1919, ils élaborent à Weimar la Constitution qui entrera en vigueur au mois d'août de la même année. Le texte instaure la séparation des pouvoirs, il scelle le droit de vote accordé aux femmes et, pour la première fois, la reconnaissance de droits fondamentaux pour tous, et il redéfinit les prérogatives des Etats-régions, les Länder.
Mais la Constitution permet aussi à une foule de partis de siéger au Parlement, ce qui conduit à une grande instabilité politique, sur fond de montée des extrêmes, dans les années 1920-1930, et au reniement des principes démocratiques dès l'accession de Hitler au pouvoir en 1933.
D'où l'appel de Frank-Walter Steinmeier, cent ans plus tard, à un plus grand engagement citoyen pour la démocratie et à un "patriotisme démocratique".
Le président allemand a également souligné dans son discours l'absurdité de la situation actuelle, où ce sont ceux qui veulent "propager de nouveau la haine nationaliste" qui brandissent le drapeau de l'Allemagne le plus haut.
De par ses fonctions de président, Frank-Walter Steinmeier est le garant des institutions. D'où cet appel du chef de l'Etat allemand : "Ne laissons pas les couleurs noir, rouge et or [du drapeau] à ceux qui méprisent la liberté".
Les Eglises aussi ont appelé, lors d'un office œcuménique à Weimar, "à davantage de justice et de paix" dans la société.
Pour en savoir plus, écoutez le numéro de Droits et Libertés de cette semaine consacré à l'élaboration et aux nouveautés introduites par la Constitution de Weimar, mises à mal par les nazis quelques années plus tard: