L'enfant noir de Guinée
27 avril 2011"J'étais enfant et je jouais près de la case de mon père… brusquement j'avais interrompu de jouer, l'attention, toute mon attention captée par un serpent qui rampait autour de la case....”. Ces premières lignes du roman l'enfant noir, sont restées à jamais gravées dans ma mémoire. Quand j'ai ouvert ce livre pour la première fois, je devais avoir 16 ans ? 17 ans ? Je ne me rappelle plus très exactement. Je fréquentais le collège Donka à Conakry, dans la capitale Guinéenne. Conakry, où Camara Laye, l'auteur de "l'enfant noir" avait aussi passé une partie de sa scolarité, avant de gagner la France, pour tenter, sans succès de devenir ingénieur mécanicien. C'est donc sous le poids du froid parisien et dans la douleur que naissent les premiers paragraphes de l'enfant noir.
Un serpent et de l'or
Dès le premier chapitre, le serpent qui est présenté comme l'animal Totem de la famille, de son père et du clan des forgerons est au centre de toutes les attentions. Notre héros se demande s'il doit hériter du petit serpent que caresse son père dans son atelier de forgeron ou s'il doit aller à l'école des blancs. Plus loin dans les chapitres suivants, Camara Laye essaie de mettre en exergue les rituels contraignants du génie de la famille. Par exemple, le père de l'enfant noir doit se purifier tous les matins avant de travailler les commandes passées par les femmes qui désirent obtenir un nouveau bijou. Assis près de son géniteur, le jeune Laye est fasciné par la transformation quasi magique de l'or en bijou et le talent extraordinaire de son père. Ce dernier est naturellement aidé dans son travail par le petit serpent noir. La scène se déroule dans un petit village de Haute Guinée, où la mère de l'enfant noir, respectée de tous, jouit de mystérieux pouvoirs comme détourner les sortilèges et tenir hors d'état de nuire les crocodiles du fleuve Niger .
Le courage de partir
En tant que premier garçon de la famille, l'enfant noir est destiné à assurer la relève de son père et à perpétuer l'esprit de la caste au village. Mais son désir d'apprendre l'emportera sur le poids de la tradition. L'enfant noir est donc obligé de s'éloigner des siens.
Durant ses années de collège à Conakry, le narrateur retourne régulièrement à Kouroussa dans la concession familiale. A chaque visite il peut admirer les efforts de sa mère pour rendre sa case plus européenne et correspondre à son éducation. Après avoir reçu son certificat d'aptitude professionnel, l'enfant noir obtient son billet pour aller poursuivre ses études en France. Sa mère n'y est pas favorable. Mais le père encourage son fils à partir pour qu'il puisse revenir aider son peuple.
Mais ce roman autobiographique l'enfant noir, est considéré par beaucoup comme le moins engagé des oeuvres littéraires d'avant les indépendances africaines. On lui a notamment reproché de ne pas avoir critiqué une seule fois, ni même évoqué, les colons. Mais ce roman demeure pour moi l'un des rares classiques africains qui a su avec objectivité et amour présenter la culture ouest africaine en chair et en os.
Auteur : Bob Barry
Edition : Marie-Ange Pioerron