Le procès Ngaïssona et Yékatom à la CPI suivi en RCA
16 février 2021A l’ouverture du procès, les victimes sont venues nombreuses dans la salle d’audience de la Cour pénale spéciale où elles ont suivi l’exposé des charges qui pèsent sur les deux prévenus.
Lire aussi → Début du procès de deux ex-chefs de milices centrafricains à la CPI
Celles-ci ont ainsi écouté la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, qui a présenté les faits réunis par son équipe au sujet des prévenus :
"A ce jour, trois personnes ont été arrêtées et sont accusées d’avoir commis des atrocités au cours des enquêtes. Parmi elles, Mr Alfred Yékatom, membre des anti-balaka, arrêté en novembre 2018. Mr Patrice-Edouard Ngaïssona, membre des anti-balaka, arrêté en décembre 2018. De cette façon, nous œuvrons ensemble pour veiller à ce que les auteurs de ces crimes graves rendent des comptes à la justice et à ce que la souffrance des victimes puisse être reconnue".
Lire aussi → L'ancien chef des milices anti-Balaka arrêté à Paris pour crimes de guerre
« Ils sont pleinement impliqués »
Les victimes ont écouté avec attention cette intervention. Parmi elles, Imam Mamadou Rabiou Boiri. Il est convaincu des charges présentées par la procureure de la CPI.
"On nous montre les preuves de leur implication dans ces crimes. Avec les cartes, les crimes et leur signature, avec les différentes entités ainsi que les hommes sous leur commandement. Les avocats aussi apportent des preuves pour montrer que leurs clients n’y sont pour rien. Mais avec tout ce qu’on voit, il est clair qu’ils sont pleinement impliqués", explique l’imam.
Les défis sont grands pour la Cour pénale internationale qui souhaite rendre ces audiences publiques. Mais en raison de l’insécurité dans le pays, il reste encore plusieurs localités où les victimes n’ont pas accès au procès.
Défis logistiques
Une difficulté que reconnait Mike Cole, chef du bureau de la CPI en Centrafrique.
"C’est vraiment difficile, c’est un défi pour nous. C’est pourquoi nous discutons du rôle des médias. Nous avons fait un partenariat avec la communauté des radios pour partager l’information", déplore Mike Cole. Il se dit "conscient de la frustration pour beaucoup de personnes et c’est pourquoi nous allons faire en sorte d’aller dans les provinces dès que nous aurons la sécurité."
Lire aussi → Sylvie Baïpo-Temon : "les bourreaux doivent demander pardon"
Le procès d’Alfred Yékatom Romboh et Patrice Edouard Ngaïssona est vécu en République centrafricaine comme un message fort lancé aux bourreaux alors que les affrontements armés ont toujours lieu. Le procès prendra fin le 28 février prochain.