"Le problème de la police américaine est structurel"
29 mai 2020La DW vous en parlait ce vendredi (29.05.2020) dans la matinale, la situation est toujours très tendue à Minneapolis aux Etats-Unis. 500 soldats de la garde nationale ont été déployés ces dernières heures face aux émeutes qui ont suivi la mort lundi soir de George Floyd. Les manifestants, parfois violents, réclament justice pour la mort cet Afro-Américain de 46 ans lors d'une intervention très musclée de la police. Un commissariat de la ville a été incendié dans la nuit de jeudi à vendredi. Des magasins ont été pillés. Du coté des autorités, quatre policiers ont déjà été licenciés et l'enquête se poursuit.
George Floyd est décédé après avoir été arrêté par la police qui le soupçonnait d'avoir voulu écouler un faux billet de 20 dollars. C'est lors de cette intervention qu'il a été plaqué au sol, un policier appuyant son genou sur son cou pendant de longues minutes. "Je ne peux plus respirer", l'entend-on dire dans la vidéo de la scène qui s'est rapidement propagée. "C'est le dernier d'une longue série de meurtres d'Afro-Américains non armés", a commenté Michelle Bayelet, la Haut-Comissaire de l'ONU aux droits de l'homme.
"Ce qu'il faut aujourd'hui, ce sont des véritables changements en profondeur dans l'institution policière américaine" estime de son côté Charlotte Recoquillon sur la DW. Chercheuse rattachée à l'institut français de géopolitique, spécialiste des Etats-Unis, auteure de recherches sur les violences policières là-bas, le mouvement desBlack Lives Matter ou le racisme, elle explique que le problème du racisme est ancien, dans la police et la société américaine en général. "La société américaine est une société post-esclavagiste, et donc la société a été construite sur un système d'oppression raciale et la police censée protéger les institutions porte ces structures-là".
Des propositions pour changer
Et à la chercheuse de citer des associations ou des organisations qui travaillent sur le sujet des violences policières et du racisme depuis des années. "Campain Zero travaille par exemple sur le sujet depuis des années et à des propositions concrètes". Il y a par exemple l'usage de caméra par les policiers, des travaux sur le rôle des syndicats ou la participation citoyenne dans certaines institutions policières. "Des associations sur le terrain travaillent aussi, notamment à Minneapolis, sur la question des relations police-citoyen."
À la question de savoir si la multiplication des vidéos de ces arrestations qui dégénèrent, voire des meutres, peut aider à la prise de conscience, voire à des changements, Charlotte Recoquillon se montre cette fois plus prudente. "Cela permet d'alterter les opinions publiques et donc on peut voir des progrès, car il y a encore peu de temps, l'émoi était limité dans de telles affaires. Là, d'autres chefs de la police se sont exprimés publiquement pour apporter leur soutien au chef de la police de Minneapolis qui a limogé les policers mis en cause lors de l'intervention".
"Apologie de la violence" de Trump sur Twitter
En lien avec ce dossier le réseau social Twitter a masqué un tweet du président amériain Donald Trump ce vendredi. Il apparaît en gris, il faut cliquer dessus à deux reprises pour le voir, et le réseau met en garde avant que ce tweet "fait l'apologie de la violence". Donald Trump parle de "commencer à tirer quand les pillages débutent", en référence aux violences et aux pillages de la nuit dernière à Minneapolis. Un message vu par beaucoup comme une incitation pour les forces de l'ordre à faire usage de leurs armes.