Le prix DW de la liberté d'expression à des Ukrainiens
2 mai 2022Le Prix Deutsche Welle de la liberté d'expression (Freedom of speech Award) est décerné ce lundi (02.05.2022) à deux journalistes reporters d'images ukrainiens : le freelance Evgeniy Maloletka et un collaborateur de l'Associated Press, Mstyslav Chernov. Ensemble, ils ont couvert le siège suivi de la destruction de la ville portuaire de Marioupol, située dans le sud-est de l'Ukraine. Leurs reportages ont montré le travail des médecins et des pompes funèbres ainsi que la souffrance d'innombrables victimes.
La Deutsche Welle décerne le Prix de la liberté d'expression depuis 2015. Les lauréats sont des personnes ou des initiatives ayant joué un rôle important dans la protection des droits de l'homme et la liberté d'expression dans les médias.
Des risques pour rassembler des images
Comment Evgeniy Maloletka et Mstyslav Chernov ont-ils fait pour filmer la guerre à Marioupol ? Grâce à leur courage, leur prudence, leur ruse aussi quand par exemple, ils se font passer pour des médecins en portant une blouse blanche ou en se repliant sur des zones moins exposées.
Leurs images, surtout celles du bombardement par l'armée russe d'une maternité ont fait le tour du monde.
L'attaque de la ville portuaire de Marioupol n'était pas une surprise pour les deux journalistes. Lorsque la Russie a reconnu l'indépendance des territoires séparatistes prorusses de Donetsk et de Lougansk, ils étaient certains que le plan serait d'établir un corridor reliant ces territoires à la Crimée que la Russie a annexée il y a huit ans déjà.
Des témoins de premier plan
L'agression contre Marioupol s‘est faite progressivement, raconte Evgeniy Maloletka : d'abord le flan est de la ville où des tirs frappaient des habitations et plus tard le centre même où des renforts de l'armée ukrainienne tentaient de résister face aux troupes russes qui multipliaient les actions de sabotage.
Des navettes des pompes funèbres qui viennent retirer les morts dans les hôpitaux, ou encore des enterrements à la va-vite dans l'arrière-cour de maisons ou dans des fosses communes : les deux reporters ukrainiens ont filmé ces scènes plusieurs fois.
Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka ne peuvent pas oublier les images de corps sans vie de bébés de trois mois ou d'adolescents de 15 ans qu'ils ont photographiés blessés mais vivants, quelques instants plus tôt. "Il est très difficile d'effacer de sa mémoire le cadavre d'un enfant”, confie l'un d'entre eux.
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Des scènes troublantes
Le 9 mars, ils se trouvent non loin d'une maternité quand celle-ci est bombardée. Evgeniy Maloletka ne croit pas la version russe selon laquelle le centre abritait des soldats ukrainiens. Seule une partie du bâtiment était occupée par un hôpital militaire.
Le 15 mars, quand ils sont obligés de se mettre en sécurité, c'est une ville détruite que les deux témoins laissent derrière eux.
D'après le parquet ukrainien, 18 journalistes ont perdu la vie depuis le début de l'invasion russe et 13 ont été blessés. Huit autres ont été enlevés et trois journalistes sont portés disparus. Il s'agit de reporters ukrainiens mais aussi originaires d'autres pays européens, ou encore d'Asie et d'Amérique.
Traduction (Ukrainien--> allemand : Markian Ostaptschuk)