Le plan de table du dialogue national au Tchad
19 août 2022Au Tchad, les travaux du dialogue national s’ouvrent ce samedi matin (20.08) à N'Djamena. Ces assises démarrent plus d’un an après le début de la transition militaire suite au décès du président Idriss Deby. Elles sont censées permettre le retour des civils au pouvoir à l’issue d’élections démocratiques.
1.400 délégués venus de différents horizons vont discuter pendant 21 jours pour tourner la page de la transition militaire.
Parmi les acteurs clés qui prendront part à ce dialogue se trouvent les anciens opposants politiques de l’ex-président Idriss Déby et les leaders de différentes associations et organisations tchadiennes.
Il faut aussi noter la présence des opposants armés, parmi lesquels Timane Erdimi de l’UFR et le général Mahamat Nouri de l’UFDD, qui sont rentrés à N’Djamena après 20 ans d’exil, à la faveur de l’accord paix signé le 8 août dernier, à Doha au Qatar, entre le gouvernement tchadien et les politico-militaires.
"Saisir une chance historique"
Pour Saleh Kebzabo, ancien candidat à la présidentielle est le premier vice-président du comité d'organisation de ce dialogue national, "le dialogue est inclusif, son inclusivité ne peut être contestée par personne. C'est le plus important car nous sommes à un grand carrefour. C'est une chance historique que nous avons. Il faut la saisir."
Cependant l’absence de certains acteurs à ces assises semble montrer que le dialogue n’est pas ouvert à tous.
C’est le cas de l’opposant Succès Masra du parti Les Transformateurs, de la coalition d’opposition et de la société civile Wakit-Tamma, ou encore de Mahamat Ali Mahadi, le leader du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), ce mouvement rebelle dont l'incursion en avril 2020 sur le territoire tchadien a entrainé la mort de l'ancien président Idriss Deby.
"Ces assises ne sont pas inclusives"
Roland Marchal, chercheur à Sciences Po Paris, estime ainsi que ce dialogue, contrairement aux déclarations du pouvoir militaire, n’accueille pas tout le monde.
Selon lui, "la sur-représentation d'acteurs très proches du pouvoir actuel et en même temps la non-participation d'acteurs internes comme certains mouvements sociaux et également du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad FACT, comme opposition militaire armée, soulève des questions légitimes auxquelles les réponses apportées par le pouvoir ne sont pas suffisantes. Il faut souligner que ces assises ne sont pas inclusives."
Ce vendredi matin (19.08), une tentative de manifestation des partisans du mouvement citoyen Wakit-Tamma contre la tenue de ce dialogue national a même été dispersée par la police anti-émeute.