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Le nouveau visage du djihadisme

Anne Le Touzé20 juillet 2016

L’attaque de Würzburg fait toujours la une des journaux allemands. Les éditorialistes essaient notamment de comprendre les motivations du jeune demandeur d’asile qui s’est attaqué lundi soir aux passagers d’un train.

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Quatre personnes ont été grièvement blessées dans l'attaque
Quatre personnes ont été grièvement blessées dans l'attaqueImage : picture-alliance/dpa/K. J. Hildenbrand

Personne n'aurait imaginé que ce jeune Afghan de 17 ans puisse commettre un tel acte, note ainsi la Leipziger Zeitung. Aucun éducateur, aucun psychologue, ni encore sa famille d'accueil en Bavière. Le jeune homme était considéré comme intégrable, il devait commencer un apprentissage en boulangerie. Mais dans la nuit de lundi à mardi, il a pris une hache et s'en est pris à des étrangers dans un train régional. Était-ce du terrorisme ? Ou la folie meurtrière d'un déséquilibré ? Les frontières n'ont jamais été aussi ténues.

Que ce soit à Orlando, à Nice ou à Würzburg, aucun des individus impliqués n'était considéré dans son entourage comme capable de commettre un crime pour des motifs religieux, confirme die tageszeitung. À l'heure actuelle, les forcenés n'ont pas mieux à faire que de se désigner comme islamistes pour attirer l'attention. Pour quelqu'un qui s'est toujours senti impuissant dans la vie, il doit être sacrément tentant d'apparaître fort et important dans la mort.

Une vidéo diffusée par l'EI laisse entendre que le jeune aurait agi au nom du groupe djihadiste
Une vidéo diffusée par l'EI laisse entendre que le jeune aurait agi au nom du groupe djihadisteImage : picture-alliance/dpa/Amak

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le nouveau visage du terrorisme islamiste a les traits d'un forcené. On tue dans de plus en plus d'endroits en Europe, sans que l'acte ait besoin d'être commandité. Il suffit de crier « Allahu Akbar » pour obtenir un écho immédiat du Proche-Orient. Après l'attaque à la hache, il n'a fallu que quelques heures aux djihadistes de l'EI pour faire croire que tout se passait selon leur scénario. Les recruteurs de ces jeunes radicalisés ont la partie facile : ils donnent l'impression de disposer d'un réservoir inépuisable de kamikazes qui peuvent être activés à tout moment.

Le dilemne européen face au putsch manqué en Turquie

Oui car ces derniers mois, la règle d'or de la politique européenne à l'égard de la Turquie se résumait à une formule simple, écrit la Süddeutsche Zeitung: tout faire pour que le président Recep Tayyip Erdogan reste de bonne humeur. L'UE s'est empêtrée dans un accord insensé mélangeant la gestion de la crise des réfugiés avec l'exemption de visa pour les Turcs. Le pragmatisme a primé sur les valeurs pour réduire le flux migratoire transitant par la mer Égée. Aujourd'hui, la réponse démesurée et arbitraire du président Erdogan à la tentative de putsch condamne non seulement l'accord mais aussi les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, et pas uniquement à cause du possible rétablissement de la peine de mort. Il est temps, considère la Süddeutsche, que l'UE se réveille et fasse de nouveau entendre sa voix.

Recep Tayyip Erdogan, plus puissant que jamais
Recep Tayyip Erdogan, plus puissant que jamaisImage : Reuters/K. Ozer

Rien n’indique qu’Erdogan veuille établir un régime islamiste, analyse Die Welt. Il vise plutôt un système présidentiel taillé sur mesure pour sa personne, dans lequel ses pouvoirs seraient aussi étendus que l’étaient en son temps ceux de Mustapha Kemal Atatürk. À la différence que ce dernier avait employé sa puissance à accélérer la modernisation de la société turque, un objectif qu’Erdogan ne poursuit manifestement pas. Ce qui compte pour le président turc, c’est la soif du pouvoir et la dictature personnelle. Avec un tel président, on ne peut pas faire un État.