Le Nobel de la paix pour un monde sans armes nucléaires
11 octobre 2024"C’est difficile d’être optimiste quand on regarde autour de soi dans le monde aujourd’hui", a confié le secrétaire du comité Nobel, Olav Njolstad, avant l’annonce du prix Nobel de la paix. Et pour cause, dans le monde, le nombre de conflits armés a explosé et quasiment doublé ces quinze dernières années.
Mais c’est aussi la raison, pourquoi le comité Nobel estime aujourd’hui le prix "peut-être plus important que jamais".
Un prix donc décerné à l’organisation Nihon Hidankyo, qui regroupe des survivants d'Hiroshima et Nagasaki, et qui militent aujourd'hui contre l'arme atomique.
Les commémorations du 80è anniversaire de ces deux premiers bombardements nucléaires de l’Histoire, à la fin de la seconde guerre mondiale, en 1945, ce sera l’année prochaine. Plus de 200 000 personnes y avaient trouvé la mort.
Les "hibakusha" pour rappeler l’horreur nucléaire
Fondé en 1956, le groupe Nihon Hidankyo, représente ceux et celles qu’on appelle les "hibakusha", les survivants irradiés. Au Japon, la question de la sécurité nucléaire est d’autant plus présente dans un pays marqué par la catastrophe de la centrale de Fukushima en 2011.
Les armes atomiques ne permettent pas de garantir un monde sans conflit, a réagi à Tokyo un co-responsable du groupe, Toshiyuki Mimaki. Les larmes aux yeux, il a dit que "jamais il n'aurait imaginé" recevoir le Nobel.
Le nouveau Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a salué une récompense "extrêmement significative". Les bombes nucléaires représentent "le mal absolu", a pour sa part commenté le maire d'Hiroshima, Kazumi Matsui.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a également appelé au désarmement nucléaire. Ce prix rappelle "que nous devons tout mettre en œuvre pour créer les conditions d'un monde sans armes nucléaires", a écrit Olaf Scholz sur le réseau social X.
Le Kremlin brandit la menace nucléaire
Le comité norvégien a fait ce choix alors que la rhétorique autour de l’arme nucléaire est de plus en plus violente, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine. La Russie, deuxième puissance nucléaire après les Etats-Unis, a, à plusieurs reprises, agité la menace nucléaire pour dissuader l'Occident d'apporter de l'aide militaire à Kiev. Le Kremlin a également suspendu sa participation au traité New START qui limite la prolifération des armes atomiques.
L’Onu fait aussi régulièrement part de ses craintes pour la sécurité des infrastructures nucléaires, alors que l’Ukraine abrite la plus grande centrale d’Europe à Zaporijjia, occupée par l’armée russe depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.
On continue également à observer les tensions dans la péninsule coréenne, avec un leader nord-coréen, Kim Jong Un, qui a assuré la semaine dernière, que son pays utiliserait des armes nucléaires “sans hésitation” s'il était attaqué par la Corée du Sud ou les Etats-Unis.
Le développement du programme nucléaire de l’Iran reste également d’actualité, alors que les puissances internationales et Téhéran ne sont plus liées par un accord qui a volé en éclat sous la présidence américaine de Donald Trump.
Les puissances nucléaires modernisent leurs arsenaux, soulignaient en juin des chercheurs de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). L’immense majorité des plus de 12.000 ogives nucléaires existantes dans le monde sont prêtes à être utilisées.