Le narcoterrorisme déstabilise-t-il l'Afrique de l'Ouest?
3 février 2022
Le dernier coup d'Etat en Guinée Bissau remonte en 2012 et à cette époque, celui-ci avait été baptisé "le coup d’Etat de la cocaïne" qui avait permis à la junte militaire de remettre la main sur le trafic de cocaïne qui, en provenance d’Amérique du Sud, entre en Afrique par ce petit pays côtier.
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La même analyse a été faite ce mercredi (2 février) par Omaro Sissoco Embalo, président de la Guinée Bissau, alors qu'il s'exprimait sur les possibles responsables de la tentative de coup d'Etat qui a échoué en début de semaine.
Le narcoterrorisme, une nouvelle source de déstabilisation
Si la Guinée Bissau est depuis longtemps considérée comme un narco-Etat, la Commission ouest africaine de lutte contre le trafic de drogue avertit que d'autres pays de la sous-région, qu’elle refuse de nommer, sont menacés par le même scénario.
"Nous avons des preuves documentées qu'il y a des politiciens dans la sous-région qui sont impliqués dans le trafic de drogue. Il y en a même qui ont financé leurs campagnes électorales avec cet argent venant du trafic de drogue" souligne Adeolu Adebiyi, membre de la Commission ouest africaine de lutte contre le trafic de drogue.
Lien entre narcotrafiquants et djihadistes
Adeolu Adebiyi évoque les recherches menées par sa commission qui confirmeraient une jonction entre les intérêts des narcotrafiquants et ceux des groupes djihadistes qui transporteraient la cocaïne à travers le Sahel, en direction de l’Europe, pour financer leur lutte.
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Ce narcoterrorisme, comme l’appelle Adeolu Adebiyi, serait aussi à l'origine de la déstabilisation de certains pays.
Celui-ci ne cite pas les pays du Sahel mais il est notoire que les routes de la cocaïne en Afrique, après la Guinée-Bissau, prennent la direction du Mali et du Niger, en direction de la Libye. "Les mêmes preuves dont nous disposons montrent que ce qui se passe est du narcoterrorisme" dit Adeolu Adebiyi. "Il y a également des individus qui transitent par ce réseau de terroristes pour se frayer un chemin dans le trafic de drogues", poursuit-il.
Cette commission dit soupçonner un lien entre les groupes djihadistes et les trafiquants de drogues, même si ce lien a souvent été relativisés par plusieurs études conduites sur la question.
Les statistiques de l'agence onusienne de lutte contre le trafic de drogues montrent que chaque année, le trafic de cocaïne rapporte aux trafiquants plus de deux milliards de dollars américains par an, une somme bien supérieure au PIB de plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest