Le Ghana applique sa méthode anti-Ebola au coronavirus
28 février 2020Alors que le nombre de foyers de coronavirus augmente dans le monde et que le premier cas africain a été détecté en Egypte, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'inquiète du manque de préparation des systèmes sanitaires en Afrique. Le Ghana a été désigné comme un pays à risque, en raison notamment de ses relations avec la Chine.
Un dispositif déjà en place
Mais face à l'éventualité d'une épidémie, le pays s'appuie sur un dispositif de prévention qui a fait ses preuves avec l'épidémie d'Ebola il y a sept ans. En plein cœur de la capitale ghanéenne, le docteur Badu Sarkodie multiplie les réunions de crise.
Depuis l'apparition du coronavirus en Chine, ce spécialiste de politique de santé publique a été chargé de mettre en place un plan de prévention.
Il y a six ans, il avait dû faire face à l'épidémie d'Ebola. Utilisant son expérience, le docteur Badu Sarkodie compte utiliser les mêmes moyens face au coronavirus.
"Dans les aéroports, on utilise des scanners thermiques afin de relever la température des voyageurs arrivant au Ghana. On leur demande aussi de remplir une fiche et de lister les pays qu'ils ont visités les quatorze jours précédant leur arrivée dans le pays. On a repris autant que possible le dispositif qui avait été mis en place lors d'Ebola" explique t-il.
En cas de suspicion, le patient sera transféré dans l'un des deux centres habilités à recevoir les éventuels malades du coronavirus.
Là-bas, des médecins précédemment réquisitionnés pendant la crise d'Ebola en Afrique de l'Ouest sont prêts à intervenir. Pour le docteur Badu Sarkodie, l'expérience d'Ebola va les aider face au coronavirus.
"Les réflexes sont les mêmes. Il faut respecter une distance de sécurité avec le patient. Si vous êtes face à un cas suspect ou confirmé, il faut porter une tenue de protection. Il y a des protocoles à respecter, notamment lors du retrait de la tenue de protection pour ne pas être infecté. Les grandes lignes sont assez similaires".
Le Ghana laisse ses ressortissants en Chine
Mais en coulisses de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer la stratégie du gouvernement.
Pour ne prendre aucun risque, le Ghana a fait le choix de ne pas rapatrier ses ressortissants de Wuhan. Une mesure qui passe très mal chez ceux qui ont des proches sur place. C'est le cas de James Adongo, qui passe beaucoup de temps au téléphone avec son fils. Comme 500 autres étudiants ghanéens, il est cloîtré sur son campus depuis un mois.
"Si les membres du gouvernement avaient des enfants là-bas, ils les auraient évacués depuis longtemps. Si l'un d'eux meurt, qu'est-ce qu'il va se passer ? Est-ce qu'on va nous retourner le corps pour pouvoir l'enterrer ? Le gouvernement va-t-il payer pour ça ?" s'interroge James Adongo.
Ce choix, les autorités ghanéennes l'assument. Le retour des Ghanéens de Wuhan pourrait entraîner la panique dans la population. Et s'il y a bien une leçon qui a été tirée de la crise d'Ebola en Afrique de l'ouest, c'est la nécessité de calmer les esprits.