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Le dernier vol du flamant, de Mia Couto

16 mars 2011

Nous sommes dans un village imaginaire du Mozambique, Tizangara, dans les années 90. Les 16 années de guerre civile sont terminées, l’ONU a envoyé des casques bleus pour superviser le processus de paix. Seulement voilà.

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Image : DW

A Tizangara, des casques bleus explosent littéralement. Leur corps se volatilise, à l'exception de leur membre viril. Mystère donc, mais l’ONU veut une explication rationnelle et elle dépêche sur les lieux un inspecteur italien du nom de Massimo Risi. Sur place, on lui affecte un traducteur, et c’est par la bouche de ce traducteur que l’histoire nous est racontée. Mais dès le début du livre l’Italien est forcé de l'avouer: "Le problème ce n’est pas la langue. Ce que je ne comprends pas, c’est ce monde d’ici."

Un blanc parachuté par l’ONU

Plus le pauvre Massimo Risi cherche à élucider l’affaire, plus il perd pied à coté de personnages qui mêlent souvenirs et hallucinations. Car, nous dit-on, à Tizangara seuls les faits sont surnaturels. Il y a une jeune fille ensorcelée qui habite dans la même pension que Massimo, il y a un administrateur du district corrompu jusqu’à la moelle, un sorcier qui dit avoir jeté un sort aux casques bleus et une prostituée, Ana, qui jette ce reproche à la figure du représentant de l’ONU: "Des milliers de Mozambicains sont morts, jamais nous ne vous avons vus ici. Maintenant cinq étrangers disparaissent et c’est déjà la fin du monde?"

DW-Redakteure empfehlen afrikanische Bücher - Marie-Ange
Marie-Ange Pioerron s'est "régalée" en lisant "Le dernier vol du flamant".Image : DW / Köpp

"Le dernier vol du flamant" ?

Le titre provient d’un conte raconté à l’intérieur du roman. On dit là-bas que lorsqu’un pêcheur s’égare en mer dans la tempête, il est guidé par le cri du flamant rose. Seulement, il n’y a pas de flamant pour guider l’inspecteur de l’ONU qui va finir par transformer son rapport en un oiseau de papier.

Ce roman nous plonge dans un monde délirant, avec des personnages à la fois burlesques et tragiques. Ce que peint Mia Couto, c’est la cupidité des puissants, l’espoir déçu après l’indépendance. Le tout dans une langue qui est une merveille, même en traduction. Couto est un magicien des mots, il invente des mots. Et c’est vraiment un régal.

Ce n'est un hasard si Mia Couto est considéré actuellement comme l'un des plus grands écrivains de langue portugaise. "Le dernier vol du flamant" est paru aux éditions Chandeigne. C'est son dernier livre traduit en français, il y en a eu d'autres avant, tout aussi bons, comme "La Véranda au frangipanier" ou "Les Baleines de Quissico".

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Sandrine Blanchard