Le coronavirus porte un coup aux petits commerces en Afrique
27 mars 2020Comme d'autres pays d’Afrique de l’Ouest, le Sénégal a interdit le transport de personnes par motos-taxis. Il s’agit de limiter au maximum les contacts entre les gens.
Mais cette mesure réduit à néant l’activité économique des conducteurs. À Ziguinchor, la capitale de la Casamance, la plupart continuent néanmoins à sillonner la ville malgré le déploiement des policiers.
C’est le cas d’Adama Mbodj, qui explique les raisons de son infraction.
"On ne peut pas rester à la maison sans rien faire car nous sommes des soutiens de famille", avance le jeune conducteur qui reste prudemment à proximité de sa moto en se disant "prêt à filer si les policiers arrivent."
Pour Adama Mbodj, il faut que l’État sénégalais propose des alternatives aux jeunes conducteurs de motos-taxis pour leur permettre de continuer à gagner leur vie et nourrir leur famille.
Le commerce burundais victime de la fermeture des frontières
Au Burundi, c’est la fermeture des frontières avec la RDC voisine, depuis lundi (23.03), qui a des conséquences sur le petit commerce.
Le marché de Bujumbura City Market est désert. Et les commerçants déplorent l’absence des clients, dont beaucoup étaient des Congolais.
Janvière Nahayo est vendeuse de produits cosmétiques pour femmes. Cette semaine a été particulièrement difficile pour elle :
"Rien ne marche vraiment ! Hier, toute la journée on n’a même pas gagné 10.000 francs. On peut passer une semaine sans avoir gagné 100.000 francs. Quant au loyer, on encaisse des arriérés de paiement."
Comme ailleurs, les prix des masques et autres accessoires hygiéniques flambent, mais pour Janvière Nahayo, augmenter les prix n’est pas une solution :
"On peut revoir à la hausse les prix quand il y a du mouvement pour générer de l’argent. Mais comme il n’y a pas d’argent, augmenter les prix ou pas ne change rien. Parce que le client qui s’approvisionne ici doit d’abord vendre de la nourriture pour acheter des habits."
Les petits commerçants souffrent aussi de la chute des importations de produits chinois bon marché qui constituaient une importante source de revenus.
Craintes de révolte
Le Burkina Faso pour sa part vient d’ordonner la mise en quarantaine de huit villes, dont la capitale Ouagadougou, en plus du couvre-feu nocturne.
Au marché central, les échoppes ont été fermées du jour au lendemain. Une situation qui suscite des tensions.
"Il y a des mamans, des papas qui vivent au jour le jour, c’est leur petit étalage qui leur permet de subvenir à leurs besoins. Si on ferme cela, les conséquences sont graves", prévient Boris Somé, coordonnateur national du WANEP-Burkina.
Il y a selon lui "des risques à l’horizon. On sent que les gens ne sont pas prêts à se laisser faire. Certains disent que c’est sur leur cadavre que le gouvernement devra marcher si des mesures d’accompagnement ne sont pas prises."
Les mesures d’accompagnement doivent arriver rapidement
Selon Boris Somé, le gouvernement doit au plus vite préciser les aides prévues et ne pas perdre de temps dans les concertations.
Le conseil valable est également pour les autres pays qui ont prévu de renforcer les restrictions pour lutter contre le Covid-19.
En RDC, le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) affirme sur Twitter redouter une "catastrophe humanitaire ou des émeutes" à l’approche du confinement total décrété à Kinshasa pour quatre jours à partir de samedi (28.03). Le confinement à été finalement reporté sine die le soir du vendredi (27.03) à cause des spéculations sur les prix des biens de première nécessité.