Le « cambriolage » minier se poursuit au Congo
30 mai 2012Le dernier rapport de Free Fair DRC, rendu public hier, dénonce ce que l'ONG appelle le "cambriolage" des ressources minières de la République démocratique du Congo par des firmes internationales fictives. Au nombre de 59, ces entreprises qui exploitent frauduleusement les minerais congolais sont toutes basées dans les îles vierges britanniques et à Gibraltar. Dans une lettre adressée par l'ONG au président de l'Assemblée nationale, le représentant local de Free Fair DRC, Herman Nzeza, interpelle les autorités politiques congolaises, qu'elle soupçonne de complicité avec ces firmes internationales, pour qu'elles s'assurent que toutes les ressources soient vendues par un appel d'offre public. « Il faudra mettre au clair ce qui s’est passé lors de l’attribution de contrats à ces entreprises fictives qui n’ont pas d’expertise et qui n’ont rien apporté à la RDC, explique-t-il. Et, si réellement on constate des problèmes et des irrégularités, nous nous attendons à ce que le chef de l’État congolais puisse se distancer de ces entreprises qui favorisent le pillage des ressources naturelles de la RDC au détriment du peuple. »
Un proche de Kabila aux commandes ?
S'il est vrai que l'ONG Free Fair DRC ne met pas personnellement en cause le président Joseph Kabila, en revanche, elle cite directement un proche du palais présidentiel qui serait le patron de la moitié des entreprises "satellites" épinglées par le rapport. Parmi les 59 entreprises citées, « 22 sont à elles seules dirigées par un ami personnel du chef de l’État », affirme Herman Nzeza.
Pour prévenir les abus dans le secteur minier, l'ONG propose la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire qui serait chargée d'auditionner toutes les personnalités congolaises citées notamment dans la vente d'importants biens miniers à des prix dérisoires via ces entreprises fictives. Selon les révélations faites par le député britannique Eric Joyce à l'origine de ce rapport, la perte totale pour la RDC au titre du manque-à-gagner dépasse les cinq milliards de dollars.
Auteur : Bob Barry
Édition : Georges Ibrahim Tounkara