L'armée congolaise à l'épreuve de la démocratie
17 octobre 2023Dans sa vidéo qui a été relayée sur les réseaux sociaux, l'ex inspecteur général de la Police nationale congolaise, John Numbi, appelle l'armée à désobéir au "commandant suprême".
Les récents coups d'Etat en Afrique de l’Ouest, mais aussi centrale avec le Gabon, soulèvent la question du risque d’un scénario similaire en RDC.
Mais pour l'expert en questions sécuritaires et militaires, Jean-Jacques Wondo, la structure et le mode de fonctionnement même des FARDC, l’armée congolaise, laisse peu de place pour un tel scénario.
"Aujourd'hui, je vois mal quelqu'un pouvoir prendre l'ascendance sur l'armée et mener un coup d'Etat comme cela s'est passé, par exemple, dans les années 1960 avec Mobutu qui avait un contrôle assez large et suffisant de l'armée. L'armée aujourd'hui est faite de cloisonnement, de divisions qui font qu'une personne qui va essayer de mener une action risque d'être contredite par les autres, avec le risque d'embraser le pays et le conduire dans une sorte de guerre civile qui pourrait morceler le pays en plusieurs entités."
Faible capacité de mobilisation
"Le général Numbi a très peu de chance de se faire entendre pour plusieurs raisons", souligne Onesphore Sematumba, analyste RDC et Grands Lacs à l’International crisis group.
Sa personnalité serait en effet loin d'être mobilisatrice. Le chercheur rappelle que son nom est associé au double assassinat des défenseurs des droits humains, Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.
Il souligne cependant que Joseph Kabila dispose encore de fidèles officiers au sein des FARDC et que John Numbi est toujours influent dans le sud du pays.
"Ce général katangais garde quand même une influence certaine dans sa province d'origine du Katanga et de ce fait, il pourrait mobiliser les frustrations locales et les groupes armés dormants. Numbi pourrait se servir d'éventuelles contestations postélectorales, d'un éventuel chaos comme alibi politique pour lancer un soulèvement militaire et semer le chaos qui est souvent bénéfique à tous ces entrepreneurs de la violence."
Il serait donc peu probable que l'on assiste à une prise de pouvoir par l'armée.
Cependant, précisent les deux experts, il n'est pas à exclure que des petites rébellions puissent profiter du contexte électoral pour déstabiliser plus encore le pays.