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L'Allemagne s'interroge à nouveau sur sa stratégie au Mali

Daniel Pelz | Konstanze Fischer
14 mai 2020

Alors que les députés allemands doivent statuer dans quelques semaines sur l'avenir de la Bundeswehr au Mali, les fractions parlementaires s'expriment déjà sur le sujet. La CDU notamment a publié une prise de position.

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Mali Bundeswehr EU-Ausbildungsmission EUTM
Image : Imago Images/photothek/T. Wiegold

Il est difficile d'agir 'sans le soutien du gouvernement sur place' (M. Basedau) - MP3-Stereo

Cela fait maintenant sept ans que les soldats allemands sont engagés au Mali - sous deux bannières différentes, celle de l'Onu et celle de l'Union européenne. Pourtant la situation sécuritaire ne s'améliore pas.

Elle s'est même dégradée : de vastes pans du Sahel sont contrôlés par des rebelles et des groupes extrémistes. Les attaques contre la police et les militaires sont quasiment quotidiennes et la majorité des habitants de la région vit toujours sous le seuil de pauvreté. 

Pour Berlin, la stabilisation du Sahel est un enjeu clef

Dans ces conditions, pourquoi l'armée allemande devrait-elle rester ? Voici la réponse de Jürgen Hardt, responsable de la politique étrangère au sein de la CDU : 

"La région sahélienne est décisive pour le développement de l'Afrique du Nord et de l'Ouest. Si les gouvernements locaux n'arrivent pas à venir à bout des terroristes et à développer l'économie de leur pays, les conséquences seront dramatiques. Pour la région et au-delà du continent."

Si la classe politique est unanime ou presque pour dire que l'Allemagne doit encore renforcer son engagement sur place, c'est la manière de le faire qui divise.
Si la classe politique est unanime ou presque pour dire que l'Allemagne doit encore renforcer son engagement sur place, c'est la manière de le faire qui divise.Image : picture-alliance/NurPhoto/M. Heine

Pour éviter qu'un tel scénario se produise, la coalition au pouvoir en Allemagne veut proposer aux députés d'intégrer une centaine de soldats supplémentaires à la mission de formation de l'Union européenne Pour l'heure, ils sont 350.

Ces éléments additionnels ne seraient plus cantonnées seulement au sud du pays, relativement sécurisé, mais soutiendraient leurs collègues maliens partout ailleurs.

Autrement dit, même s'il n'est toujours pas question d'engager la Bundeswehr dans les combats, la mission serait malgré tout plus dangereuse qu'actuellement.

Annegret Kramp-Karrenbauer, ministre allemande de la Défense avec son homologue malien Ibrahim Dahirou Dembele.
Annegret Kramp-Karrenbauer, ministre allemande de la Défense avec son homologue malien Ibrahim Dahirou Dembele.Image : picture-alliance/dpa/A. I. Bänsch

La CDU souhaite par ailleurs étendre la présence des instructeurs allemands aux voisins du Mali - Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Tchad - tout en renforçant l'aide aux populations civiles, selon les besoins locaux.

Une idée qui, en soit, n'est pas mauvaise. Mais Matthias Basedau, directeur des recherches africaines à l'Institut GIGA de Hambourg, rappelle que "jusqu'ici, les expériences en matières d'entraînement des forces de sécurité au Sahel, n'ont pas été très concluantes. En fait, il est très difficile de mettre en œuvre des mesures sensées sans le soutien total du gouvernement sur place."

L'opposition politique pointe des manquements

Ainsi, les Verts mettent en garde : si la CDU veut élargir géographiquement la mission de la Bundeswehr, cela signifie qu'elle rend possible la négociation avec des régimes autoritaires voire avec une dictature dans le cas du Tchad. Une erreur selon les écologistes.

Quant aux libéraux, ils déplorent que le gouvernement se soit, jusqu'ici, trop peu préoccupé de booster la création d'emplois en attirant les investisseurs allemands au Sahel.

A noter : Annegret Kramp-Karrenbauer, la ministre conservatrice de la Défense, avait, il y a quelques temps, évoqué l'idée que les soldats allemands soutiennent leurs collègues français aussi dans les combats contre les terroristes. Un engagement plus risqué qui aurait sans-doute été impopulaire auprès de l'opinion publique.

L'idée semble d'ailleurs avoir été abandonnée par la CDU : dans sa prise de position, le parti ne parle plus que d'envoyer des drones supplémentaires et davantage de moyens techniques pour les évacuations sanitaires.