L'Allemagne et la Namibie font un pas vers la réconciliation
29 août 2018Ces massacres à grande échelle, qualifiés de "premier génocide du XXe siècle", auraient officiellement fait environ 80.000 morts. Une partie des restes a été ramenée en Allemagne il y a plus d’un siècle pour des recherches anthropologiques. Ils étaient en possession d'universités, de musées et de collections privées en Allemagne.
D’où la décision de restituer dix-neuf crânes et divers ossements emportés par les colons allemands. Décision qu’a apprécié la ministre de la Culture de Namibie : "C’est la reconnaissance du premier génocide du XXe siècle, commis au nom de l’Allemagne contre les communautés namibienne Nama et Herero, ainsi que les excuses d’un représentant allemand de haut rang", a déclaré Katrina Hanse-Himarwa, présente à la cérémonie du souvenir organisée ce mardi à Berlin.
Pas d’excuses officielles
Au cours de cette cérémonie de restitution de ces ossements, l’Allemagne n’a pas présenté d’excuses officielles formelles, comme l’exige la Namibie. Cependant, la secrétaire d'Etat allemande aux Affaires étrangères, Michelle Müntefering, a demandé "le pardon du fond du cœur" : "Nous ne pouvons pas réparer les crimes des troupes coloniales dans l'ancienne Afrique du sud-ouest de 1904 à 1908. Ensemble, nous devons trouver des moyens de nous en souvenir", a plaidé Michelle Müntefering. Des déclarations jugées insuffisantes par les représentants des deux ethnies, qui, en plus des excuses officielles, exigent des réparations financières. L’Allemagne, elle, a opté pour des compensations sous forme d'aide au développement. Selon Berlin, une centaine de millions d'euros à été versée, à cet effet, à la Namibie depuis son indépendance de l'Afrique du sud en 1990.
L’envoyé spécial allemand pour la Namibie a lui aussi prôné l’apaisement. Ruprecht Polenz s’est dit "convaincu de la nécessité de panser les plaies en déployant des moyens à la fois financiers et matériels", a soutenu.
Jusqu’ici, les autorités allemandes ont reconnu leur part de responsabilité dans les massacres contre les tribus Herero et Nama. Des discussions en cours depuis 2016 prévoyaient des excuses officielles à la Namibie.
Plainte
Les représentants de ces deux communautés, Herero et Nama, ont intenté une action devant des tribunaux à New York aux Etats-Unis. Le but recherché ? Obtenir des réparations directement pour les descendants des deux ethnies massacrés par les colons allemands.
Pour rappel, les Herero s’étaient révoltés en 1904, après avoir été délestsé de leurs terres et de leur bétail. Une vingtaine de colons allemands avaient alors été tués. En représailles, les Allemands ont mené une expédition punitive qui s’est soldée par l'extermination de cette ethnie. Un an plus tard, les Nama se sont eux aussi rebellés, et on subi le même sort.
Black-out
Au cours d’une interview qu’il a accordée à la DW, l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop a déploré que les massacres dont ont été victimes les peuples Herero et Nama en Namibie soient si peu connus en Afrique francophone.
Selon Boubacar Boris Diop "le mur de Berlin des Européens est tombé. Mais, le mur der Berlin des Africains érigé en 1885, qui nous divise entre francophones, anglophones et lusophones, lui, n’est pas tombé. Aucune radio sénégalaise n’en a parlé."
En septembre 2011, l’Allemagne avait déjà remis 20 crânes des fonds de l’hôpital universitaire de Berlin, la Charité, à la Namibie.