L'Allemagne en quête d'une nouvelle relation avec la Russie
16 mars 2018Dans une interview diffusée à quelques jours de la présidentielle de dimanche (18.03.), le président russe confiait que la chancelière allemande lui envoyait souvent du Radeberger Pils, une bière allemande qu'il buvait du temps de la RDA.
Angela Merkel a confirmé mais n'a pas dû apprécier cette anecdote. Car en ce moment, les relations ne sont pas bonnes et cela se ressent dans l'influence de l'Allemagne sur la Russie. De récentes menaces de renforcement des sanctions économiques n'ont pas ébranlé Moscou. Et quand Vladimir Poutine a annoncé en début d'année de nouveaux plans d'armement, Berlin s'est juste contenté d'un rappel des règles internationales.
Pour Stefan Meister, chercheur spécialiste de la Russie à la DGAP, l'Institut allemand de politique étrangère, les relations risquent de ne pas s'améliorer rapidement et "les quatre prochaines années ne seront pas faciles. L'Allemagne est en pleine transformation de sa politique envers la Russie, et même à la recherche d'une nouvelle politique. La tentative de modernisation du partenariat a échoué et la coopération basée sur les engagements ne fonctionne pas avec le système Poutine."
La guerre comme moyen de pression
Pour l'expert Stefan Meister, la Russie utilise la guerre pour faire passer ses intérêts auprès des Européens. Cette stratégie crée une incertitude au sein de l'opinion allemande.
L'affaire de l'empoisonnement d'un ex-agent russe en Grande Bretagne et la cyberattaque début mars contre le Bundestag et des ministères allemands, vraisemblablement menée par des hackers russes, font douter à l'opinion allemande que l'appareil sécuritaire soit vraiment préparé.
Politique de fermeté
Pour frapper un grand coup, Berlin devrait initier un débat national sur le rôle et les capacités réelles de ses propres services de renseignement, pense Gustav Gressel, expert en sécurité au Conseil européen des relations internationales. Selon lui, "les Allemands et les Français doivent défendre les intérêts de tous les Européens face à la Russie, comme pour l'Ukraine. Et ça les rend malades."
Cette stratégie de fermeté est promue par le nouveau chef de la diplomatie allemande. Un front européen uni contre Poutine, c'était le message de Heiko Maas avant son entrée en fonction. Il a maintenant la possibilité de mettre cela en œuvre.