L'Afrique, un défi pour le pape François
27 novembre 2015"Kenya, Ouganda, République Centrafricaine: le pape veut attirer l‘attention sur des régions où règnent la pauvreté, l’arbitraire , la corruption et la violence, où chrétiens et musulmans se combattent mutuellement", relève la Süddeutsche Zeitung. Malgré toutes les mesures de sécurité déployées, le Pape risque sa propre vie pour apporter un message d’espoir, de paix et de justice. Beaucoup d’Africains attendaient et attendent du Saint Père qu’il se montre critique à l’adresse de leurs gouvernements respectifs - "ce que Francois ne manque pas de faire", relève le quotidien de Munich.
Un voyage aux allures de défi pour le Saint-Père
Cette visite en Afrique est une première pour le Pape Francois. Et elle est très attendue, explique la Süddeutsche: "Sur ce continent agité, le nombre des Catholiques croît plus rapidement que nulle part ailleurs dans le monde, poursuit le journaliste. Quand le premier évêque ougandais Joseph Kiwanuka a été intronisé en 1939, moins de 20 millions de catholiques vivaient sur tout le continent. Maintenant on estime leur nombre à plus de 180 millions; et ce chiffre pourrait plus que doubler au cours des 25 prochaines années !".
En Ouganda, deuxième étape de son voyage, beaucoup espèrent que Francois plaidera pour que les homosexuels ne soient pas persécutés. "N’a-t-il pas dit cette belle phrase en 2013 : "Si quelque’un est gay, est de bonne volonté et recherche le Seigneur , qui suis-je donc pour le condamner ? " . Mais en Ouganda, "aujourd’hui encore les homosexuels risquent de lourdes condamnations, quelles que soient leur bonne volonté !", s'indigne l'éditorialiste. Les médias lancent régulièrement des "diatribes déchaînées" contre les gays et les lesbiennes. "Le président Yoweri Museveni lui-même est sur d’un large soutien, même parmi les hommes d’Eglise ougandais quand il traite les homosexuels de "répugnants". Malgré cela, rappelle la Süddeutsche, le pape a exprimé l’espoir que sa visite portera des fruits, aussi bien sur le plan spirituel que matériel: "Le pape ne partage pas la résignation de ceux qui considèrent l’Afrique conmme un continent perdu, au contraire!" conclut le quotidien.
La Gambie, en proue dans la lutte contre l'excision?
"En Gambie, quand une adolescente atteint l’âge de 14 ans, elle doit s’attendre selon toute vraisemblance à subir des mutilations génitales. Au moins les grandes lèvres et parfois plus sont amputées. 76% des Gambiennes ont subi cette procédure", rapporte la Berliner Zeitung. Mais il existe des nuances: ainsi, seules 12% des filles Wolof sont concernées, alors que chez les Mandinka ou Sarahule - des populations musulmanes sunnites - elles sont 89 %. "Ces derniers temps, malgré de nombreuses campagnes internationales de sensibilisation, les excisions sont de nouveau couramment pratiquées en Gambie. Seules des femmes opèrent les jeuens filles, une opération dont on fait un grand mystère".
Les militantes pour les droits des femmes sont enthousiastes face à cette décision du président, "mais elles restent minoritaires". Car une majorité estime toujours que l’excision est une valeur culturelle, un pilier de la tradition - "tradition qui n’a en fait rien à voir avec l’Islam et bien plus ancienne", souligne le quotidien berlinois.
Il est possible que Jammeh, réélu en 2011avec 72% des voix d’un scrutin peu transparent pour un quatrième mandat puisse mette fin à cette triste tradition. L’éditorialiste rappelle "qu’il est écouté dans son pays, même s’il fait souvent des déclarations étranges avec des objectifs plus qu’ambitieux, telles qu’en février dernier où il avait solennellement annoncé que « la Gambie serait à la fin 2015 la seule grande puissance restante. Le temps est venu, pour nous, avait –il dit de doubler Dubai, Singapour, les Etats-Unis, Qatar et d’autres ! » Il y a de l’espoir", donc conclut le journal berlinois - de manière un tant soit peu ironique!