L'affaire Oury Jalloh refait surface
7 janvier 2010Le 7 janvier 2005 au matin, Oury Jalloh est appréhendé par la police. Il aurait, sous l'emprise de la drogue et de l'alcool, importuné deux femmes à la sortie d'une discothèque. Les fonctionnaires ne parviennent pas à vérifier son identité et l'emmènent au commissariat. Le jeune demandeur d'asile proteste violemment. Ils le mettent dans une cellule, lui attachent les mains et les pieds, et viennent le voir régulièrement jusqu'à 23h45. Quinze minutes plus tard, le détecteur de fumée se déclenche. Ce qui s'est passé après, personne ne le sait. Les policiers affirment qu'Oury Jalloh aurait mis lui même le feu à son matelas, une thèse plausible selon des experts. Mais comment expliquer que les policiers aient mis deux minutes et demie à se rendre dans la cellule, sans emporter d'extincteur ? Quand ils arrivent, Oury Jalloh est mort.
Deux ans plus tard, en mars 2007, débute devant un tribunal de Dessau le procès des deux policiers impliqués. Dans le même temps, Mouctar Bah, un proche du défunt, met en place une initiative pour faire la lumière sur les circonstances de sa mort. Il fait faire une deuxième autopsie qui révèle une fracture du nez. Par ailleurs, il obtient que la famille du demandeur d'asile se porte partie civile dans le procès. Le frère de la victime, Diallo Jalloh :
« Je ne vais pas laisser faire cela, je vais continuer à suivre l'affaire jusqu'à ce que je trouve la vérité. »
En décembre 2008, les deux fonctionnaires sont acquittés, le tribunal estime qu'ils ont fait leur devoir. Cela déclenche de vives réactions en Allemagne. On parle même de racisme institutionnel.
Marco Steckel, conseiller des victimes:
« Dans l'affaire Oury Jalloh, la question de la culpabilité doit être réglée de façon claire. Cela n'a pas été fait jusqu'à présent. Et deuxièmement, il faut montrer à la police que l'Etat de droit ne doit pas et ne peut pas être manipulé. Par ses négligences dans le cadre de l'enquête et par ses fausses déclarations devant le tribunal, la police a obtenu un acquittement. »
Après la décision de la Cour fédérale de Karlsruhe, le procès des deux policiers va de nouveau avoir lieu, cette fois devant le tribunal de grande instance de Magdebourg.
Auteur: Audrey Parmentier/Petra Nicklis
Rédaction: Anne Le Touzé