La RCA exsangue, six mois après le coup d'État
24 septembre 2013Selon la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH), des hommes de la Séléka, l'ex-rébellion qui a renversé en mars dernier le président François Bozizé, ont commis près d'un millier de meurtres. Et des crimes continuent d'être commis dans le pays. Joseph Bidoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l'Homme, raconte :
"Depuis le coup d’État, ceux qui ont pris le pouvoir n’ont pas réussi à ramener la sécurité dans le pays. Aucune administration ne fonctionne dans l’arrière-pays. Du point de vue de la sécurité, il ne se passe aucun jour sans qu’on nous signale des crimes. Par exemple, vous arrivez, vous trouvez quelqu’un et vous tirez sur lui et vous le tuez. Ou bien pour lui demander son téléphone, vous tuez deux ou trois personnes pour ça. Ce sont des situations que nous vivons tous les jours. On peut violer une femme en présence de son mari, on peut violer les enfants en présence de ses parents."
L'ONU affirme que plus de 1,6 million de Centrafricains ont urgemment besoin d'assistance. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, plus de 60.000 personnes ont fui vers les pays voisins. À lui seul, le Cameroun a accueilli environ 40.000 Centrafricains. Vu cette situation, le pessimisme gagne le politologue camerounais René Joly Assako :
"On peut bien avoir des compétences militaires, mais une fois le pouvoir conquis, il faut prendre les rennes du pouvoir et continuer à contrôler les troupes. Au niveau de la Séléka, le président Djotodia ne contrôle plus ses troupes. Tous les problèmes de l’après-guerre sont liés à un processus de reconstruction de l’État et cette reconstruction n’est pas qu’économique. Elle est institutionnelle, elle est sociale, elle est politique. Malheureusement, ce qui arrive dans ce genre de situation, c’est qu’on doit tout bien faire et dans l’urgence et à ce moment-là, il faut que les moyens suivent. Les Centrafricains doivent encore malheureusement prendre leur mal en patience parce que je ne vois pas demain la fin de ce qui est en train de se passer en Centrafrique."
Joseph Bidoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l'Homme, fustige le fait que la force française présente en Centrafrique ne fasse rien pour protéger les populations. Toutefois, à la 68ème session de l'Assemblée générale des Nations unies, qui s'ouvre aujourd'hui à New York, la situation centrafricaine fera l'objet de discussions.