La position floue de l'Allemagne dans la crise en Ukraine
24 janvier 2022Les alliés de l’Otan se posent des questions sur la volonté de l’Allemagne de résoudre la crise ukrainienne après les propos du chef de marine allemande, Kay-Achim Schönbach.
Celui-ci a été forcé de démissionner après avoir affirmé que le président russe Vladimir Poutine "mérite le respect", que l'Ukraine ne serait pas en mesure de reprendre la Crimée annexée et qu'il était "absurde" que la Russie veuille s'approprier des parties de l'Ukraine. La Russie avait annexé cette péninsule ukrainienne de la mer Noire en 2014.
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L'Allemagne sous pression
Le ministère ukrainien des affaires étrangères avait demandé à l'Allemagne de rejeter publiquement les commentaires du chef de la marine.
Pour Harald Kujat, général retraité de l'armée de l'air allemande, les réactions sont toutefois exagérées car l’amiral Schönbach n’aurait fait que donner la position officielle de l’allié américain.
“Il a présenté la position du gouvernement américain, notre plus proche allié. La question est la suivante : la position politique du gouvernement allemand ne coïncide-t-elle pas avec celle-ci, c'est-à-dire avec la position du gouvernement américain, notre allié le plus proche ? Telle est la question et est-ce pour cela qu'il doit partir ?" rappelle le général à la retraite.
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Relations fortes Allemagne / Russie
Plus de trente après la chute du mur de Berlin, l’Allemagne et la Russie ont réussi à dépasser leurs différents pour s’unir sur différents accords de partenariat commerciaux.
Longtemps au centre des critiques de l’administration américaine, le gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne en contournant l’Ukraine par la mer Baltique, a finalement été officiellement inauguré. Mais il reste un moyen de pression pour dissuader la Russie d’envisager une action militaire sur le territoire ukrainien.
Dans une période de flambée des prix de l’énergie, l’Allemagne pour sa part compte sur ce projet pour alimenter sa population et ne le considère pas comme élément à inclure dans les pourparlers.
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Sans avoir commenté les doutes des partenaires de l’Otan sur son engagement politique et militaire, le gouvernement allemand a, par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, officiellement assuré apporter toute l’aide économique dont l’Ukraine a besoin.
"Nous sommes dans une situation où les entreprises et nous-mêmes continuons à travailler sur place et où nous mettons l'accent sur le soutien économique à l'Ukraine", affirme la ministre.
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a lui aussi calmé le jeu et a réaffirmé sa confiance en l’Allemagne en affirmant n’avoir "aucun doute" sur le fait que l'Allemagne partage les préoccupations des Etats-Unis concernant la Russie.