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La parole à Foniké Mengué, opposant libéré par la junte

Bangaly Condé
10 septembre 2021

En Guinée, 79 prisonniers politiques ont été libérés mardi soir par les militaires au pouvoir. Parmi eux, Foniké Mengué, membre du Front national pour la défense de la Constitution.

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"J'étais heureux de voir enfin le peuple libéré", dit Foniké Menguè, respondable de mobilisation du FNDC
"J'étais heureux de voir enfin le peuple libéré", dit Foniké Menguè, respondable de mobilisation du FNDCImage : Cellou Binani/AFP/Getty Images

En Guinée, près d'une semaine après le putsch qui a renversé le président guinéen Alpha Condé et avant l'arrivée d'une délégation de haut niveau de la Cédéao, la junte militaire a décidé de libérer plusieurs détenus politiques

Parmi eux, Oumar Sylla alias Foniké Mengué, responsable de mobilisation du Front national pour la défense de la Constitution - une coalition de mouvements politiques et d'organisations de la société civile qui s'est farouchement opposée au troisième mandat d'Alpha Condé. Foniké Mengué a passé 16 mois à la prison centrale et il est tombé gravement malade. 

Retranscription de l'interview avec Foniké Mengué 

Foniké Mengué : J'ai entendu les premiers coups de feu, quand j'étais couché dans mon lit d'hôpital, alors je suis sorti sur le balcon pour voir ce qui se passait et c'est ainsi après quelques moments, que j'ai vu monsieur Alpha Condé entre les militaires. C'est là où j'ai compris qu'effectivement, c'était un coup d'Etat. Mais au début, je ne pouvais pas penser que ce serait un coup d'Etat. J'ai pensé à une mutinerie. Mais j'étais quand même heureux de voir enfin le peuple libéré.

La révolution "appartient au peuple guinéen" (Foniké Mengué, opposant)

DW: 79 prisonniers politiques et vous-même, Oumar Sylla, alias Foniké Mengué, membre du Front national pour la défense de la Constitution, ont été libérés mardi soir. Comment vous avez accueilli cette libération ?

Foniké Mengué : Ça faisait déjà un mois que j'étais à l'hôpital. Les médecins, même en temps normal, ne voulaient pas me libérer. Surtout, ils ont insisté pour que je ne fasse aucun effort. Alors, eux-mêmes, quand ils ont vu cette mobilisation, ils ne pouvaient pas me garder, il fallait que je rentre avec la population de Conakry. Alors cette population m'a accompagné jusqu'à chez moi. Certains même voulaient que je fasse le tour de Conakry. Mais je ne pouvais pas faire, vu mon état. 

DW : En vous voyant, on sent que vous êtes vraiment malade. Quel traitement vous suivez actuellement, après votre libération ?

Foniké Mengué : Mais je compte aller à l'extérieur pour mon traitement. J'aurais voulu le faire ici, mais il se trouve que les hôpitaux guinéens, ça manque d'équipements. C'est vrai, les médecins sont bien formés, mais côté équipement, ça fait défaut: J'ai quand même vécu tout ça en live pendant au moins un mois. Vous allez voir les ministres de la Santé du pays, mais quand ils tombent malades, ce n'est pas ici qu'il se soigne. Il va à l'extérieur pour se soigner ! Donc, ça fait qu'il y a des malades qui peuvent mourir par manque d'équipements dans les hôpitaux. Nos hôpitaux ne sont pas équipés et le gouvernement, ils s'en foutent pas mal. En tant que nouvelle génération, nous allons faire face au système.

DW : Quelles sont vos attentes après cette prise de pouvoir par l'armée ?

Foniké Mengué : Nous voulons que le colonel Doumbouya soit très vigilant. Il a un grand rôle à jouer dans cette révolution là. On ne veut pas que ça soit juste une révolution de palais. Nous voulons que ça soit une révolution au sens global et multiforme. Aujourd'hui, elle n'appartient plus aux forces spéciales. Elle appartient au peuple guinéen. Le colonel Doumbouya incarne aujourd'hui un grand espoir. On ne veut pas qu'il déçoive. Personnellement, j'ai confiance en lui.