La Minurso en débat au Conseil de sécurité
27 avril 2016Tous les ans, depuis 1991, le Conseil de sécurité de l'ONU renouvelle le mandat de la mission des Nations Unies au Sahara occidental pour surveiller un cessez-le-feu entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario. Mais cette année, le contexte est difficile : Rabat n'a pas digéré les propos du secrétaire général Ban Ki-moon qui a parlé "d'occupation" du territoire par le Maroc.
Mardi, l'envoyé spécial de l'Union africaine pour le Sahara occidental, Joaquim Chissano, a critiqué les mesures prises par Rabat envers la Minurso : l'expulsion de 84 membres civils de la mission et la fermeture d'un bureau de liaison militaire. Selon l'ONU, ces mesures empêchent la Minurso de fonctionner. L'ancien président mozambicain s'est dit "consterné" par cette querelle et a insité sur "la frustration croissante dans les camps de réfugiés" sahraouis.
Rabat, de son côté, a obtenu le soutien des monarchies du Golfe qui pointent une "situation dangereuse".
Dans ce contexte, Christos Tsatsoulis, l'ancien chef de la Minurso, craint la fin de la mission. Il l'a dit à la Al Jazeera: "Mon expérience personnelle est que le soutien du gouvernement marocain à la mission de l'ONU est absolument vital. Si le gouvernement continue dans la voie du retrait de son soutien, je ne suis pas sûr que la mission des Nations Unies au Sahara occidental va pouvoir durer plus longtemps."
Toujours pas de référendum
Le Maroc propose depuis 2007 un plan d'autonomie pour le Sahara occidental, qu'il considère comme partie intégrante du royaume. En face, les indépendantistes du Polisario, soutenus par l'Algérie, réclament un référendum d'autodétermination. L'organisation de cette consultation est d'ailleurs une des tâches de la Minurso - jamais réalisée depuis 25 ans. Pour autant, Helmut Reifeld, chef du bureau de la fondation Konrad Adenauer au Maroc, ne veut pas parler d'échec: "Non elle n'a pas échoué. Elle continue d'être légitime, parce qu'elle agit sur un problème de droits des peuples non résolu et qui a besoin d'une solution pacifique et consensuelle."
Le Polisario a mis en garde contre une possible reprise de la lutte armée, si le Conseil de sécurité de l'ONU ne faisait pas assez pression sur le Maroc.