La Loya Jirga débat de l'avenir de l'Afghanistan
16 novembre 2011Un certain flou entoure le déroulement de cette Loya Jirga qui a lieu dans des conditions de sécurité draconiennes. Initialement deux points devaient étre abordés par les quelque 2000 délégués : définir une nouvelle stratégie de négociation avec les insurgés taliban et discuter des futurs liens avec les Etats-Unis. Fin 2014 les 140 000 soldats de la force internationale de l'OTAN quitteront le pays. Et c'est apparemment ce sujet qui va dominer les débats. C'est en tout cas ce qu'affirme Helaludin Helal, de la commission préparatoire de la Loya Jirga :
« Les délégués ne vont débattre qu'un seul point: est-ce que l'Afghanistan doit conclure ou non un accord de partenariat stratégique avec les Etas-Unis. »
Les détails de ce partenariat stratégique ne sont pas connus. Les Etats-Unis, après le retrait de leurs 100 000 soldats, souhaitent ouvrir des bases militaires en Afghanistan. Ce à quoi le président afghan Hamid Karzai n'est pas hostile. Il l'a dit à l'ouverture de la Loya Jirga : « si les Etats-Unis veulent des bases, c'est à notre avantage, nous recevrons de l'argent ». Mais en réponse sans doute à ceux qui l'accusent d'être l'homme des Américains il a souligné que les futures relations entre les Etats Unis et l'Afghanisatan devaient être celles de deux pays indépendants. C'est aussi une façon de rassurer les pays voisins qui voient d'un mauvais oeil la prolongation d'une présence militaire américaine en Afghanistan. Konrad Schetter est expert de l'Asie au centre de recherche sur le développement à Bonn :
« Les Iraniens se sentent pris en tenaille par la présence américaine en Irak et en Afghanistan. Et les Pakistanais, qui ont la bombe atomique, craignent que les Américains interviennent militairement, un jour ou l'autre, dans leur pays. »
Une chose est sure : un partenariat stratégique avec les Etats-Unis n'apportera pas à l'Afghanistan la stabilité espérée. Les adversaires de cette coopération feront tout pour imposer leurs intérets. Les taliban ont déjà dénoncé cette Loya Jirga dont on attend finalement qu'elle ne fasse qu'entériner les décisions du président Karzai.
Auteur : Marie-Ange Pioerron
Edition : Kossivi Tiassou, Aude Gensbittel